Depuis quelques années déjà, les couches jetables sont entrées dans les mœurs des mères congolaises, en matière de change pour bébés et jeunes enfants. L’utilisation quasi banalisée de ces couches naguère reservées aux nantis, conduit à leur vente à grande échelle et même au détail. Une vente qui n’obéit toujours pas aux règles d’hygiène en matière de santé infantile.
Pour langer leur bébé ou jeune enfant, de plus en plus de mères congolaises délaissent les couches lavables en tissu et optent pour les couches jetables qui outre le confort qu’elles apportent au bébé, n’exigent pas de la maman, le repassage après lavage, voire des gestes appropriés pour les faire enfiler, comme il en était naguère pour les couches fixées au moyen des épingles de sûreté dites épingles de nourrice.
Si la pratique paraît hygiénique, la vulgarisation des couches jetables désormais vendues au détail, pose un réel problème de santé publique, car leur conservation, voire leurs conditions de vente interrogent quant à la garantie de la santé corporelle des bébés et jeunes enfants à la peau encore fragile, que ces couches devraient préserver.
En dehors des grandes boutiques et autres magasins qui respectent les règles de Santé publique, ailleurs dans les marchés, les boutiques de quartier ou autres coins de rues, ces couches qui devraient faire partie de la gamme des médicaments pour soins corporels, sont hélas présentées sans aucune mesure d’asepsie, encore moins d’hygiène.
Étalées à même le sol, exposés à la poussière que soulèvent les passants et autres véhicules, ces couches sont également livrées aux manipulations des acheteurs, dont personnes ne garantie la propreté des mains.
Que dire du vendeur ou la vendeuse qui manipule divers produits à la fois, quand ce ne sont pas carrément les couches libérées de leur emballage, qui côtoient sur l’étal les autres produits dangereux tels les raticides, dont le contact avec la peau serait très nocif, voire dangereux.
Même quand elles sont livrées emballées, les couches sont parfois jetés au sol sans précaution aucune, pour ce genre de produits qui nécessiteraient un protocole d’hygiène rigoureux.
Pourtant, beaucoup de mamans qui les utilisent, ne s’embarrassent pas de poudre ou autres crèmes protectrices pour la peau, dites crèmes barrière, assez coûteux du reste, au moment de langer leur bébé ou protéger leur jeune enfant. Elles plaquent la couche à même la peau nue, convaincues de la pureté du produit.
Et les conséquences de cet état de fait se font ressentir au niveau de nombreux bébés et jeunes enfants, avec des maladies dermatologiques. Des démangeaisons, des érythèmes fessiers récurrents, des mycoses, voire des gales inexpliquées. Les mamans qui ne pensent pas à l’asepsie douteuse des couches, cherchent la cause ailleurs.
Il est vrai que la vente au détail des couches pour bébé permet à quasiment toutes les mamans de s’en procurer à moindres frais. Il importe donc d’entourer la pratique éminemment sociale des mesures d’hygiène drastiques, tel que la non exposition desdites couches, gardées dans leur emballage dont on ne les sortirait qu’au moment de les livrer au client.
L’autre aspect de la question, c’est la non homologation de quantités de marques de couches admises à l’importation, dans le pays. Personne ne peut certifier si ces couches ne contiennent pas de produits toxiques, ni allergènes, voire du chlore. Nul ne sait quels sont les matériaux utilisés pour la fabrication de certaines couches parfois bas de gamme et de qualité sanitaire douteuse. « On a des couches, c’est l’essentiel », semble t-on dire coté pouvoirs publics.
Le Congo ne disposant pas de laboratoires adaptés pour l’analyse de ce type de produits et d’en contrôler la qualité, les importateurs-grossistes peuvent bien être sommés, de fournir aux autorités compétentes, une certification dûment délivrée par des laboratoires étrangers avec lesquels le Congo acterait un partenariat d’analyses desdites couches et qui intègrerait un cahier de charges spécifiques, tel qu’il est fait en matière d’homologation des médicaments.
À travers les changes pour bébés dites couches à jeter vendus à la sauvette, sans précautions d’hygiène et de mesures appropriées, un véritable problème de santé publique couve en sourdine.
Les pouvoirs publics, à travers les ministères de la Santé et du Commerce sont interpellés afin de réglementer ce secteur dans lequel certains commerçants grossistes et même les détaillants qui ont trouvé le filon porteur, misent plus sur les profits que sur la santé des bébés et jeunes enfants.