RDC : la publication des résultats de la présidentielle commence, au compte-gouttes

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La publication des résultats de la présidentielle en République démocratique du Congo a commencé vendredi soir avec le vote de la diaspora, annonce non représentative au vu du nombre de votants, après des élections organisées dans une grande confusion.

Pour la première fois, des Congolais de l’étranger ont pu voter dans cinq pays tests (Afrique du Sud, Belgique, Canada, Etats-Unis, France). Le nombre d’électeurs inscrits dans ces pays était d’environ 13.000, sur un total de près de 44 millions.

Le président sortant, Félix Tshisekedi, y réalise des scores tournant autour de 80% des voix, selon les premières annonces de la commission électorale (Céni). La diffusion des résultats provisoires pour les 26 provinces de la RDC aura lieu dans les prochains jours.

Félix Tshisekedi, au pouvoir depuis début 2019, brigue un second mandat face à 18 autres candidats, dont plusieurs poids-lourds de l’opposition qui ont dénoncé le « chaos » et les « irrégularités » ayant entaché selon eux ces élections générales (présidentielle, législatives, provinciales et locales).

Le vote, prévu le 20, a été prolongé d’au moins un jour en raison de multiples problèmes logistiques.

Il était officiellement clos jeudi soir, mais vendredi à la mi-journée, des informations faisaient encore état d’opérations électorales en cours dans certaines zones reculées du pays de 2,3 millions de km2, aux infrastructures très limitées.

C’était par exemple le cas de la localité de Kilembwe, dans le territoire de Fizi, dans la province orientale du Sud-Kivu, où le matériel de vote n’est arrivé que tardivement jeudi. « Au plus tard à 15H00 (13H00 GMT), tout doit être terminé », a assuré à l’AFP l’administrateur du territoire, Sammy Kalonji.

Selon un responsable de la Céni, « au moins 97% » des quelque 75.000 bureaux de vote prévus sur l’ensemble du territoire ont pu ouvrir. Dans un pays « à dimension continentale » tel que la RDC, « atteindre ce score, c’est déjà un miracle », a-t-il estimé.

– Tensions redoutées –

Plusieurs missions d’observation avaient été déployées pour ces élections.

Celle de l’Union africaine a estimé dans une « déclaration préliminaire » qu’elles s’étaient « déroulées dans une atmosphère relativement calme avec des défis logistiques majeurs ».

Les observateurs du Centre Carter ont quant à eux évalué « négativement » le déroulement du vote dans 21 des 109 bureaux de vote qu’ils ont visités, « avec de graves irrégularités observées dans plusieurs d’entre eux ».

Le gouvernement avait reconnu au soir du premier jour de vote « le retard constaté dans l’ouverture de certains bureaux ». Mais il avait félicité le peuple congolais pour sa « mobilisation » et la Céni pour sa « détermination » à organiser, au jour prévu de longue date, des élections qui se sont selon lui « globalement » bien déroulées.

Plus de 100.000 candidats étaient sur les rangs pour le quadruple scrutin.

Parmi les adversaires de Félix Tshisekedi figurent Moïse Katumbi, riche homme d’affaires et ancien gouverneur de la région minière du Katanga (sud-est), Martin Fayulu, qui affirme que le président sortant lui a volé la victoire à l’élection de 2018, ou encore Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018 pour son action auprès des femmes victimes de viols de guerre.

Suspicieux dès le départ, tous ont appelé leurs militants à surveiller de près le dépouillement et l’affichage des résultats.

Des tensions sont redoutées à l’annonce du vainqueur de la présidentielle, dans un pays à l’histoire politique agitée et souvent violente, au sous-sol immensément riche en minerais mais à la population majoritairement pauvre.

Dans un message sur X (ex-Twitter), l’ambassade des Etats-Unis à Kinshasa a « exhorté tous les dirigeants politiques à continuer de faire preuve de retenue et à résoudre les différends de manière pacifique ».

La campagne électorale a aussi été empoisonnée par la situation sécuritaire dans l’est du pays, qui connaît un pic de tension depuis deux ans avec la résurgence de la rébellion du M23, soutenue par le Rwanda.

Après dix jours d’accalmie, des combats faisaient rage vendredi au nord-ouest de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu.

Sources additionnelles • AFP