Centre d’éducation préscolaire et école primaire de Tchimbamba sur la route de la frontière autrement dite route de Ngoyo, le mur d’enceinte est recouvert de peintures qui parlent aux passants. Ces fresques réalisées avec raffinement dévoilent des pages de l’histoire du Congo, à travers des personnages mythiques puisés dans divers secteurs de la vie nationale. Et soudain, le beau côtoie le sublime pour feuilleter des pages toutes aussi évocatrices les unes que les autres.
Quelle idée de génie pour le promoteur de l’établissement, que de convier les passants empruntant la route de la frontière, à un cours visuel d’histoire, comme dans un musée à ciel ouvert.
Des couleurs, des souvenirs ou de la découverte, le tout saupoudré d’émotion, aucun esprit avisé ne peut demeurer insensible face aux fresques qui recouvrent le mur d’enceinte du centre préscolaire et l’école primaire de Tchimbamba.
Le passant avisant ces fresques murales est interpellé tant par la qualité des œuvres, que par l’histoire que représente chacun des personnages illustrés.
Et soudain, les peintures ne signifient plus ce qu’elles représentent, mais ce qu’elles suggèrent et surtout ce qu’elles créent chez le contemplateur.
Chacun justement, savoure des yeux chaque fresque, selon qu’elle va puiser dans ses souvenirs, voire sont imaginaire, pour ramener à la surface du temps présent tout le sens qu’il lui prête.
Et il y en a de tous les secteurs de la vie nationale. Ces figures qui dans leurs domaines respectifs, ont marqué d’un trait appuyé, le marbre de l’histoire congolaise.
Hommes politiques, avec un point d’orgue sur les différents présidents ayant présidé aux destinées du Congo.
Ils sont tous là.
Aucune date ne fait référence à la durée du mandat de chacun, comme pour rendre l’histoire éternelle.
Seul le nom renvoie à la personnalité ainsi peinte.
Cette éternité est également induite par les personnages d’avant l’indépendance.
Les rois et autres résistants y prennent toute leur place.
« Des forêts jusqu’à la savane, des savanes jusqu’à la mer.
Les personnalités religieuses y ont également leur place.
Que dire de la musique dont les différents visages qui la singularisent et ici représentés, semblent s’illuminer, comme chantant ce morceau d’eux que l’on fredonne.
C’est à croire que ceux qui sont déjà décédés, reviennent soudain à la vie, à l’instar de ce regard de Franklin Boukaka, plus vivant que jamais. Comme s’il lançait le tempo, « Africa dipanda ».
Enfin il y a ces sommités du monde littéraire.
Ces Hommes et ces Femmes qui à différentes époques, ont donné et donnent de la noblesse aux lettres congolaises.
À voir le concentré de richesse inestimable que distillent ces fresques, l’on est en droit de se demander, pourquoi la Direction de la Culture à Pointe-Noire, à défaut la mairie de la ville, n’ont pris aucune disposition, pour protéger ces oeuvres d’art.
De nombreuses fresques sont menacées de dégradation et nécessitent une restauration.
Un kiosque de téléphonie installé à même le trottoir et qui du reste barre certaines fresques de la vue des passants, appose sa porte métallique à même le mur, une fois décrochée, avec le risque d’entailler les chefs-d’œuvre chaque jour davantage.
Sans doute, pour les autorités municipales de la ville océane, les subsides générés par le kiosque de téléphonie représentent plus de richesse que l’ode à l’histoire nationale que perpétuent ces fresques.
Peut-être ces autorités sont-elles indifférentes au culte de ce bel art, celui qui par-delà la contemplation, interpelle l’âme et la conscience pour susciter une satisfaction spécifique.