Le Congo-Brazzaville a les atouts pour devenir une puissance agricole régionale

 
Un potentiel inestimable, mais inexploité. Alternative au tout-puissant secteur pétrolier, le développement des capacités agricoles du Congo apparaît comme une priorité pour le gouvernement, comme la croissance de l’industrie agroalimentaire, qui bénéficie déjà de l’implantation d’acteurs majeurs, comme la SOMDIAA ou la Sofatt. En ligne de mire ? L’autonomie alimentaire en 2025. Un rapide coup d’œil permet de saisir l’enjeu du développement du secteur agricole au Congo. Le pays dispose d’environ 10 millions d’hectares de terres arables inexploitées, tout en disposant d’une pluviométrie abondante. Pourtant, le pays reste encore un importateur net de denrées alimentaires pour nourrir sa population, avec un coût compris entre 600 et 700 milliards de FCFA par an, soit un quart du budget moyen du pays. Le manque de mécanisation freine la productivité agricole congolaise

Volonté d’intensifier les capacités agricoles du pays

«L’agriculture congolaise se caractérise particulièrement par son incapacité à couvrir les demandes croissantes des populations en produits alimentaires et autres biens et services», s’inquiétait, dès 2001, un expert congolais. Face à ce phénomène endémique, le gouvernement n’a qu’un mot à la bouche : «intensification». «Premièrement la mécanisation, donc faire l’agriculture par la machine. Deuxièmement, lorsqu’il y a la machine, on doit avoir des étendues culturales très grandes. Troisièmement, il faut travailler pour le rendement. Celui-ci se travaille par la préparation des sols, c’est-à-dire l’amélioration de la qualité des sols, mais aussi la qualité des semences agricoles», https:/www.rfi.fr/fr/podcasts/afrique-%C3%A9conomie/20210406-congo-brazzaville-l-agriculture-comme-principal-secteur-de-diversification-%C3%A9conomique-attire-peu ,explique ainsi à RFI Isidore Ondoki, coordonnateur national du Projet d’appui au développement de l’agriculture commerciale, chargé de faire changer d’échelle le modèle agricole congolais, encore largement tourné vers les petites exploitations et l’autoconsommation. Au niveau de la mécanisation, une usine detracteurs, capable de produire 250 machines agricoles par mois, a récemment été inaugurée à Maloukou, soit près de 3000 tracteurs par an, en grande partie destinés aux agriculteurs congolais. Une usine de tracteurs a été inaugurée au Congo

Le modèle de la petite exploitation familiale reste prédominant

En 2022, le gouvernement a ainsi déployé, dans tout le pays, des «Zones agricoles protégées », destinées à faciliter l’autosuffisance alimentaire tout en facilitant le travail des jeunes, en sacralisant des espaces entièrement dédiés à la production agricole et soutenus largement par l’État, qui fournit intrants et tracteurs aux exploitants. Ils viennent remplacer les « nouveaux villages agricoles », dont les résultats se sont révélés modestes. C’est vers le maïs que se sont tournées les dix premières exploitations : «Parce que notre pays importe essentiellement des produits d’origine animale. Donc, si nous faisons du maïs, c’est pour disposer de cet intrant nécessaire à la production de l’aliment de bétail », souligne Isidore Ondoki. Mais le pays doit faire encore sauter plusieurs verrous, notamment psychologiques, le secteur agricole n’étant pas perçu comme un pourvoyeur de métiers d’avenir par les jeunes Congolais.


Sofatt, SOMDIAA : le secteur agroalimentaire doit poursuivre sa croissance

Au-delà de la seule montée en puissance du secteur primaire, le développement d’une forte industrie agroalimentaire apparaît aussi comme une étape majeure pour le pays, qui poursuit une quête effrénée de diversification pour se préparer à l’après-pétrole. Le Congo peut d’ores et déjà s’appuyer sur un réseau d’acteurs nationaux ou internationaux implanté dans le pays. En janvier 2022, la société Sofatt, une unité de transformation des produits agricoles locaux a ainsi vu le jour, faisant germer un projet en gestation depuis une dizaine d’années. À terme, cette usine aspire à transformer des produits agricoles locaux en jus made in Congo, qui seront commercialisés sous le label « Tata ». https://www.adiac-congo.com/content/agroalimentaire-la-societe-sofatt-voit-le-jour-134509


La canne à sucre est une industrie majeure du Congo


Dans le domaine de l’agroalimentaire, le Congo dispose aussi d’une force de frappe, en partie permise par les investissements amenés par des groupes internationaux, implantés de longue date. Dans le domaine de la canne à sucre, la SARIS Congo, filiale de la société française SOMDIAA, a la capacité de produire 5 000 tonnes de cannes à sucre par jour entre juin et novembre, soit une production de près de 70 000 tonnes par an. En 2017, le groupe avait d’ailleurs investi dans https://www.financialafrik.com/2017/05/18/congo-le-groupe-somdiaa-investit-dans-un-complexe-industriel-au-port-de-pointe-noire/un grand complexe industriel à Pointe-Noire, capable de produire 70 000 tonnes de farine de blé, 9 000 tonnes de gritz de maïs, 10 000 tonnes d’alimentation animale et 1 million de poussins par an.

Le secteur n’est pas non plus en manque d’innovation et de talents locaux. En 2017, Rachel Kombela, alors âgée de 19 ans, lançait son entreprise d’agroalimentaire destinée à la transformation de produits locaux, dont les produits comme la purée de piment, la pâte d’arachide, le foufou encore le saka-saka, ont rencontré un vif succès auprès
des Congolais. Petit à petit, la notion de made in Congo fait son chemin. Mais le développement du secteur se heurte encore à la faiblesse de l’agriculture. Deux combats à mener donc, pour atteindre l’autosuffisance alimentaire à l’horizon 2025.Un objectif, encore en ligne de mire, qui reste possible à atteindre avec la
volonté politique suffisante de soutenir un secteur stratégique.