Willy Sassou Nguesso né Etoka ou la chute d’un gros mensonge

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L’empire Etoka s’effondre, Wilfrid Etoka, Sa chute, soudaine et spectaculaire, pourrait ébranler certains milieux du régime. Enquête sur le « cas Etoka ». Un voleur des fonds publics ne peut jamais prosperer dans les affaires

Le boost suscité par les autorités congolaises pour développer le local content visant à lancer dans l’arène du monde des affaires des capitaines d’industries producteurs des biens et services, comme au Nigéria sous Olusegun Obasanjo, en Côte d’Ivoire sous Ouattara(premier ministre de feu le président d’Houphouët- Boigny et depuis qu’il est lui-même président de la République) ou au Cameroun sous feu le président Amadou Ahidjo, a permis l’éclosion des hommes d’affaires tels Lucien Ebata, Wilfrid Etoka, Innocent Dimi, Paul Obambi, Serge Mouyi, Amadou Niangadou, Vincent Gomes, Vérone Mankou…

Un échec dans l’ensemble en comparaison à la réussite des hommes d’affaires des pays ci-dessus cités.

LE CAS WILLY ETOKA

En 2013, la société Eco Oil Énergie, propriété de Claude Wilfrid Etoka, devient concessionnaire. Et récupère les actifs des sociétés Sangha Palm à Ouesso, dans le département de la Sangha, ex RNPC(Régie nationale des palmeraies du Congo) à Etoumbi, dans le département de la Cuvette Ouest, et enfin Huilka à Nkayi, dans le département de la Bouenza.

Elle s’engage à ressusciter les marques d’huile bien connues dans la mémoire collective congolaise et promet l’autonomie rapide du pays en huile végétale grâce aux 350 milliards d’investissement, notamment dans la construction d’usines modernes.

10 ans plus tard, quel en est le bilan? La production locale a t-elle débutée? L’huile promise est-elle disponible sur les marchés congolais? Cette industrie prometteuse a- t-elle permis la création d’emplois? Autant de questions que se posent des proches du dossier: économistes financiers et ex travailleurs d’Eco Oil des sites de Brazzaville, Pointe-Noire, Ouesso, Nkayi, Owando, Etoumbi.

La « Production d’huile de palme rouge: 2 à 300 tonnes maximum sachant que cette huile traditionnelle ne représente que 5% de la demande des consommateurs !

Production d’huile végétale : aucune! Puisque les usines de Ouesso(huilerie) Etoumbi et Nkayi( raffinerie) ne sont toujours pas en fonctionnement plus de 4 ans après le début des travaux!

Arrêt des chaînes de conditionnement des bouteilles de Nkayi et Ouesso Mokeko pour défaut de maintenance.

Le stock des huiles végétales importées d’Ukraine en 2017 est à sec, et faute de moyens financiers, aucune autre importation n’a été effectuée. Le dernier stock résiduel est celui que Etoka a offert au gouvernement pendant la période Covid-19.

La collecte des matières premières(noix de palme,arachide, soja) est inexistante, car faible irrégulière et non sécurisée.

Le programme Eco Oil Plus visant à structurer la chaîne de valeur n’a jamais été mis en œuvre.

La politique carbone et l’accès aux marchés financiers et volontaires est à l’arrêt… ». Faut-il noter que le Gabon devrait, à brève échéance, en tirer profit à la place du Congo…

Un bilan bien sombre que dressent les experts. L’usine d’eau minérale Okiessi est fermée. Plus aucune bouteille de cette bonne eau de source n’est visible sur le marché alors que, selon des experts interrogés, toutes les machines de production sont encore opérationnelles. Pourquoi chercher des financements pour en acheter d’autres machines en Chine?

Eco Oil Énergie Camaco, usine de montage des tracteurs, au nord de Brazzaville, est également en berne, au grand dam des chinois qui avaient crû à ce projet. Idem pour la Financière, une propriété de Willy Etoka, qui doit, selon nos sources, de l’argent aux sociétés comme les Assurances et Réassurances du Congo(Arc)…

« Un réel gâchis, renchérissent les ex travailleurs d’Eco Oil, puisque ces 10 ans devaient aboutir à un succès comme nos voisins Gabonais et Camerounais qui y sont parvenus en matière de production d’huile végétale ! »

Toutes nos tentatives d’en savoir davantage auprès de Willy Etoka se sont, malheureusement, avérées vaines. Peut-être, ses hommes de main pourraient bien répondre à notre sollicitude dans la deuxième partie de notre enquête.

A. Ndongo, journaliste économique et financier