Congo-B : après avoir tergiversé à le nommer, Sassou hésite à le virer

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Après avoir tergiversé à le nommer, Sassou hésite de se passer de son Premier Ministre, Anatole Makosso.

Tic Tac

Anatole Collinet Makosso est en sursis. Les jours d’Anatole Collinet Makosso en qualité de Premier Ministre du Congo-Brazzaville sont-ils comptés ? Les aboyeurs du net qui se tiennent par la barbichette, Guy Edgar Bokilo et Brice Landry Decaux, vont-ils avoir la peau du protégé d’Antoinette Sassou ? Les commentaires peu amènes fusent de la part des deux pitbulls du web, Bokilo et Decaux, qui épargnent Denis Sassou Nguesso lui gratifiant du qualificatif de « Président élu  ». Guy Edgar Bokilo et Brice Landry Decaux, qui s’acharnent sur Anatole Collinet Makosso, seraient-ils en service commandé ? Les coups pleuvent raccourcissant la bride d’un Collinet Makosso trop arrogant et au bilan famélique.

Présage

C’était écrit au ciel. Le bail d’Anatole collinet Makosso amorcé le 12 mai 2021 ferait long feu. C’est Denis Sassou Nguesso, lui-même, qui avait esquissé les prémices en portant la première estocade par la formation d’un gouvernement parallèle (Gilbert Ondongo, Adelaïde Mouhani, Rigobert Maboundou, Alain Akouala Atipo…) à la présidence de la République. Le « shadow cabinet » est une tradition très institutionnalisée dans les pays anglo-saxons, où chaque responsable d’un dossier est un futur ministre en puissance. En France, la désignation d’un tel cabinet par les partis d’opposition est peu fréquente, mais pas inédite.

Au Congo-Brazzaville de Denis Sassou Nguesso, le « shadow cabinet  » est constitué de ministres congédiés du gouvernement. C’est une chambre de recyclage des recalés. Pourquoi les avoir évincé s’ils étaient si compétents ? Et, pourquoi les appeler à ses côtés alors qu’ils ont été jugés peu performants ? Henri Djombo, qui s’est découvert une nouvelle vocation d’écrivain, se tient à l’écart des structures parallèles sans moins continuer de tirer les ficelles. Gilbert Ondongo, le grognard d’Owando, qui n’entendait pas se démonter, avait déjà lancé les hostilités au lendemain de la publication de la nouvelle équipe gouvernementale dirigée par Anatole Collinet Makosso. « Ce sont tous des koro koro, je suis leur chef  ». Sa nomination forcée par Antoinette Sassou qui avait tordu le bras de son Président de mari Denis portait une vérole (dirait alain Mabanckou, l’auteur « Les cigognes sont immortelles, Ed du Seuil, 2018).

Makosso au charbon

Anatole Collinet Makosso enchaîne des défis impossibles (négociations avec le FMI, pourparlers avec les traders pétroliers, insalubrité, vie chère, routes défoncées, insécurité, chômage, vols à ciel ouvert, corruption, arriérés de bourses et pensions, érosions…) tout en observant impuissant son autorité défiée par les caciques du PCT (Pierre Ngolo, Pierre Moussa, Michel Ngakala, Jean-Dominique Okemba, Jean-François Ndéngué, Pierre Oba, Florent Ntsiba, Gabriel Ondongo, Isidore Mvouba, Albert Ngondo, Ferdinand Sabaye…) ainsi que les cadors du gouvernement (Jean-Jacques Bouya, Christel Sassou, Bruno Jean Richard Itoua, Firmin Ayessa, Hugues Ngouolondélé, Raymond Zéphirin Mboulou, Gilbert Mokoki, Arlette Soudan Nonault, Thierry Moungala, Claude Alphonse Nsilou, Rosalie Matondo, Inès Bertille Ingani, Jacqueline Lydia Mikolo, Emile Ouosso…) et son image volée en vrille.

Certains membres du PCT et du gouvernement ont leur rond de serviette à Oyo et sèment des cailloux sur le « chemin d’avenir  » d’Anatole Collinet Makosso. Au sein même du gouvernement, le premier ministre Anatole Collinet Makosso peine à imposer son autorité aux « crocodiles  », ces poids lourds qui convoitent sa place à visage découvert et qui se montrent de plus en plus turbulents, n’en faisant qu’à leurs têtes.

Humiliation

Anatole Collinet Makosso est réduit à inaugurer les chrysanthèmes et à enfoncer les portes ouvertes. Lancement à Sibiti le 13 mai 2023 du Fespam, visite nocturne des voiries de Pointe-Noire en compagnie de la maire Evelyne Tchitchelle sur instructions fermes et insistantes de Denis Sassou Nguesso. Anatole Collinet Makosso supportent de plus en plus mal les injonctions publiques de Denis Sassou Nguesso. Des admonestations qui n’ont jamais été administrées à l’endroit ni de Jean-Jacques Bouya, ni de Hugues Ngouolondélé et encore moins à l’endroit d’Arlette Soudan Nonault, responsable des disputes au sein du gouvernement. Entre les deux hommes, Sassou Nguesso et Collinet Makosso, la confiance s’est érodée. Le cœur de Denis Sassou Nguesso balance : le maintenir à son poste ou le virer. Antoinette Sassou qui a célébré ses 80 ans avec faste, lâchera-t-elle son « petit » du Kouilou ? Le poste de Premier ministre d’Anatole Collinet Makosso qui était perçu comme une promotion d’un fils du Kouilou de moins de 60 ans, s’est transformé en chemin de croix. Anatole Collinet Makosso va-t-il attendre, en avalant couleuvre sur couleuvre, d’être démis de ses fonctions ? Prendra-t-il les devants en présentant sa démission à Denis Sassou Nguesso ?

« Touba Touba »

Loin d’être un manager, Anatole Collinet Makosso est perçu par les populations du Congo-Brazzaville comme un moulineur d’épithètes. Il brasse du vent et pompe de l’air. Anatole Collinet Makosso pose des questions auxquelles le Premier Ministre du gouvernement d’un pays devrait apporter des réponses. « Avons-nous véritablement créé les conditions pour l’amélioration du climat des affaires en vue d’attirer les investisseurs privés nationaux et étrangers ? La diversification de notre base de production des biens et des services, hors secteur pétrole, est-elle en bonne voie ? La gestion de nos finances publiques permet-elle de dégager des marges susceptibles de prendre en charge correctement, régulièrement, durablement et complètement les obligations en matière de pensions de retraite, de bourses des étudiants, des filets sociaux, de santé, d’éducation ? Avons-nous fait des progrès dans l’assainissement de nos villes ?  » (Les dépêches de Brazzaville adiac.com, 15 mai 2023).

Le passage au Ministère de l’Enseignement d’Anatole Collinet Makosso n’avait pas été concluant. A Mpila et à Oyo, le verdict est tranchant et cinglant. Anatole Collinet Makosso n’est pas taillé pour le job de Premier ministre et Anatole Collinet Makosso ne fait pas le job. L’opinion d’une erreur de casting fait son « chemin d’avenir ». Les populations du Congo-Brazzaville attendent du Premier ministre de Denis Sassou Nguesso « l’homme des actions concrètes » des actions concrètes, pas des questionnements. Le sort d’Anatole Collinet Makosso est-il scellé ? Antoinette Sassou, qui veille sur son poulains croise les doigts.

Guy Edgar Bokilo et Brice Landry Decaux murmurent à l’oreille Du khalife d’Oyo. Le coup de gueule de Guy Edgar Bokilo et les railleries de Brice Landry Decaux qui se gardent bien d’éclabousser Denis Sassou Nguesso auront-ils raison d’Anatole Collinet Makosso ? Pourquoi Guy Edgar Bokilo et Brice Landry Decaux éludent dans leurs commentaires la responsabilité de Denis Sassou Nguesso dans la faillite du Congo-Brazzaville ? Ce n’est pas sur Anatole Collinet Makosso que Guy Edgar Bokilo et Brice Landry Decaux devraient tomber à bras raccourcis. C’est Denis Sassou Nguesso qu’il faudrait virer.

Benjamin BILOMBOT BITADYS