Une enquête menée par l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP), consortium regroupant 47 médias parmi lesquels Le Monde, dévoile les secrets de l’argent sale chez le Crédit Suisse. En somme, une véritable mappemonde de la corruption internationale. Des dizaines de milliards d’euros de fonds d’origine criminelle ou illicite ont passé pendant plusieurs décennies des années par cette banque, numéro deux du secteur bancaire helvétique, dont les données ont fuitées.
L’affaire concerne 18 000 comptes bancaires hébergés au Crédit Suisse entre le début des années 1940 et la fin des années 2010, précise le quotidien Le Monde.
« Basée sur une fuite massive d’informations issues de milliers de comptes bancaires administrés par Credit Suisse, (l’enquête) montre qu’au mépris des règles de vigilance s’imposant aux grandes banques internationales, l’établissement, né à Zurich, a hébergé des fonds liés au crime et à la corruption plusieurs décennies durant », écrit le journal.
Parmi les détenteurs de ces comptes, des ultrariches au profil sulfureux ou fichés sur des listes noires internationales côtoient des anonymes ou des personnalités avec, comme point commun, de l’argent sale, dont l’origine interroge, écrit le journal.
Aux côtés du roi Abdallah II de Jordanie, l’homme de l’ombre de l’ancien dictateur du Zimbabwe, Billy Rautenbach, accusé d’avoir financé les violences préélectorales de 2008, ou encore un cadre de Siemens, qui aurait corrompu des fonctionnaires nigérians.
Au total, un joli pactole de 100 milliards de francs suisses (équivalent de 95 milliards d’euros) caché à l’abri des regards. Les documents se concentrent principalement sur les pays en développement : en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie et en Amérique du Sud.
La banque dont le siège se trouve à Zurich, balaie d’un revers de la main ces accusations, parle d’une affaire héritée du passé, et soutient que ses contrôles anti-blanchiment ont été massivement renforcés. Crédit Suisse assure que « 90% des comptes concernés sont aujourd’hui clôturés, dont plus de 60% avant 2015 », assure la banque, qui précise par ailleurs « mener l’enquête » concernant la fuite de données.