Royaume-Uni: le projet de loi pour expulser des migrants au Rwanda de nouveau en débat

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Au Royaume-Uni, après un premier vote en décembre, le projet de loi pour reconnaître le Rwanda comme un pays sûr est de nouveau discuté à la Chambre des communes ce mardi 16 et mercredi 17 janvier. Depuis la signature de l’accord polémique entre Londres et Kigali, pour un montant initial de plus de 160 millions d’euros, aucun demandeur d’asile n’a encore été envoyé au Rwanda par le gouvernement britannique. Mais malgré les blocages juridiques, à Kigali, le Hope Hostel, l’un des établissements contractés pour accueillir les migrants, se tient prêt. Mais pour le moment, aucun migrant.

C’est l’une des politiques phares du gouvernement britannique : envoyer ses demandeurs d’asile au Rwanda, où leur demande sera traitée. Or, la Cour suprême a bloqué le projet, estimant que le Rwanda n’est pas un pays sûr. Alors, le Premier ministre Rishi Sunak propose une loi qui déclare la sûreté du Rwanda, pour contourner le jugement. Cette « loi Rwanda » entame donc ce mardi son deuxième examen par le Parlement, rapporte à Londres, Émeline Vin

Le vote semble acquis pour le gouvernement, qui avait craint une défaite en première lecture en décembre. L’enjeu des deux prochains jours, ce seront les amendements sélectionnés par la vice-présidente de la Chambre des communes. 

Au-delà des traditionnels ajouts de la part des oppositions, certains députés à la droite de la majorité conservatrice veulent durcir le texte. Pour eux, la loi ne va pas assez loin en autorisant les tribunaux à ignorer certains aspects des conventions des droits humains. Ils souhaitent pouvoir passer outre les injonctions de la Cour européenne des droits humains, et limiter les recours possibles pour les demandeurs d’asile susceptibles d’être expulsés vers le Rwanda. 

Les amendements ne devraient pas être validés : l’opposition les rejette, ainsi que l’aile gauche des Conservateurs, qui trouve déjà le texte trop dur. Seulement, les partisans d’une approche dure ont prévenu le gouvernement qu’ils ne soutiendraient pas une version non amendée. Sans infliger une défaite à l’exécutif, cela saperait son autorité et sa crédibilité.

À Kigali, un hôtel désespérément vide

En attendant, à Kigali, les aménagements, salles de prières, ordinateurs ou encore terrain de sport, mis en place dans le Hope Hostel, au milieu du quartier de Kagugu, pour l’accueil des demandeurs d’asile n’ont pas encore servi. Quatre étages résidentiels mais sans occupants depuis mai 2022, a constaté sur place Lucie Mouillaud. « Nous avons 50 chambres, des chambres doubles, pour être prêts à loger jusqu’à 100 résidents. Et comme vous pouvez le voir, dans les différentes zones, nous utilisons différentes langues comme l’anglais et l’arabe », explique le manager Bakina Ismael.

Des chambres réservées par les autorités depuis plus d’un an et demi, auparavant occupées par une vingtaine d’orphelins du génocide des Tutsis qui ont dû quitter les lieux. L’établissement devait accueillir les passagers du premier vol de migrants prévu en juin 2022, annulé au dernier moment par une décision de la Cour européenne des droits de l’homme. 

« Nous sommes toujours là, depuis le début du contrat jusqu’à aujourd’hui, jusqu’à ce qu’ils arrivent ici. Tous les services sont prêts, nous les attendons juste. Tous les employés sont là, à leur position, pour attendre les demandeurs d’asile », dit Bakina Ismael.