Quelle est la portée de l’accord de paix signé à Bissau entre Dakar et le Front Sud du MFDC?

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Le Sénégal a signé à Bissau jeudi 4 août un accord de paix avec des rebelles de Casamance sous l’égide du président de la Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embaló, également président de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Ceux-ci ont pris l’engagement de déposer les armes et de travailler pour le retour définitif de la paix dans cette région. La Casamance est le théâtre d’une des plus vieilles rébellions africaines en activité. 

Pour le Sénégal, c’est l’amiral Farba Sarr qui a paraphé le document. Côté indépendantiste, César Atoute Badiate commandant du Front Sud et Lansana Fabouré du Comité Provisoire des Ailes politiques et combattantes du MFDC.

Le document intitulé « Accord de dépôt des armes» reste pour l’heure confidentiel, car les discussions doivent se poursuivre encore avec d’autres factions du mouvement.

En signant l’accord, les rebelles se sont engagés à déposer les armes et à œuvrer pour le retour définitif de la paix dans cette région méridionale du Sénégal. Son application passera par l’identification et le recensement des combattants et de leurs chefs, sous la supervision de la Guinée-Bissau, et ce, à partir du 1er octobre 2022.

Pour le président Embaló qui a présidé la cérémonie, une page de l’histoire vient d’être tournée. La Guinée-Bissau sera la partie garante et doit s’impliquer dans l’application effective de l’accord.

Les autorités sénégalaises ont assuré que toutes les conditions seront créées pour assurer la mise en place de cet accord. Mais le Front Nord, aile dure du mouvement dirigé par Salif Sadio, ne se sent pas concerné. Dans ce cas, la paix, peut-elle se faire sans cette faction, considérée comme la plus radicale du mouvement indépendantiste ?

Le chef rebelle a disparu des radars depuis le déclenchement d’une offensive majeure de l’armée sénégalaise en mars dernier contre ses bases près de la frontière gambienne. Toutefois, selon une source proche du dossier, des négociations en coulisse sont en cours pour emmener les dissidents de sa faction à se rallier le processus de paix.

Pour plusieurs observateurs, les accords de Bissau constituent une étape importante dans le processus de paix certes, mais le plus important reste à venir, celle de la récupération des armes et munitions. 

Le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) mène un conflit de basse intensité dans la région méridionale du Sénégal depuis 1982. Un conflit ayant causé plusieurs milliers de morts et de personnes déplacées.

Le point sur les groupes de rébellion au Sénégal 

Pour le chercheur Jean-Claude Marut, spécialiste de ce conflit, on ne peut réellement parler d’un accord de paix, ni même d’un cessez-le-feu. Il estime que cela « ressemble plutôt à une reddition d’une des composantes principales de la rébellion, en l’occurrence la principale composante armée au sud de la Casamance ».

À ma connaissance, ce n’est ni un accord de paix ni même un cessez-le-feu. Cela ressemble plutôt à une reddition d’une des composantes principales de la rébellion, en l’occurrence la principale composante armée au sud de la Casamance. Je crois qu’il faut quand même relativiser l’importance de l’événement, même s’il est important ne serait-ce que symboliquement…