Plus de 3000 Togolais sont morts du cancer en 2020

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Au Togo, seuls 34% des personnes atteintes du cancer en 2020 y ont survécu. C’est ce que rapporte la Ligue togolaise contre le cancer, qui cite l’Observatoire mondial du cancer (Globocan).

“Le Globocan de 2020 donne une estimation de 5.208 cas diagnostiqués du cancer au Togo. Avec comme décès pour la même période de 3.486. En termes de pourcentage, cela fait 66,59%. Environ 70% des personnes qui souffrent du cancer au Togo en décèdent”, a indiqué Stéphane Doméfa Awuity, président de la Ligue togolaise contre le cancer.

Elle souligne que le traitement est très coûteux, donc “réservé aux gens bien nantis”. Il a fait noter que la lutte contre le cancer au Togo est dans une approche préventive.

En plus de la cherté du traitement qui est commun à tous les pays, au Togo la prise en charge demeure compliquée à cause de certaines difficultés, que relève Zénab Moumouni, présidente de l’association femme sans cancer.

Zénab Moumouni, présidente de l’association Femme sans cancer. Lomé, 03 février 2021.
Zénab Moumouni, présidente de l’association Femme sans cancer. Lomé, 03 février 2021.

“Il y a une disponibilité réduite des appareils. Par exemple une femme qui est à Dapaong [ndlr : à 600 km de Lomé] et veut faire une mammographie doit se rendre à Kara. Il y a certaines analyses, par exemple le CA 15-3, qui est lié au cancer de sein, où il faut venir jusqu’à Lomé. Et il y a des femmes qui ont fait la biopsie et on a envoyé mais les résultats sont perdus. Donc il y a cette fiabilité aussi qui manque au niveau des laboratoires. Il y a aussi le problème de scanner, ce n’est pas disponible partout”, cite celle qui a été elle-même atteinte du cancer du sein.

“Une autre difficulté, c’est l’incompétence locale en oncologie. Au Togo, nous n’avons qu’une seule oncologue, médicalement parlant et un seul oncologue chirurgien”, ajoute Mme Moumouni.

Briser le mythe

Après deux ans de saignement, Kafui Adjodi a été détectée atteinte de cancer du col de l’utérus à un stade 2B. Elle est allée suivre des soins à Accra, au Ghana voisin. Pendant trois mois, elle subit une radio-chimiothérapie concomitante avec la curiethérapie, pour un coût de traitement avoisinant les 5 millions de francs CFA, soit environ 10 000 dollars.

Même si aujourd’hui elle a vaincu le cancer, Kafui Adjodi affirme ne plus être la même personne.

“Une fois qu’on a fait des traitements avec des médicaments aussi agressifs, on a des séquelles qui restent pour la vie. Il y a beaucoup de choses que j’ai perdu. Par exemple, je suis à la ménopause précoce à 38 ans. Les sensations de la femme, j’ai tout perdu. Là où les rayons sont passés, ma peau n’est plus pareille. Tu perds ton immunité. Ton corps devient maintenant fragile parce qu’il y a beaucoup de choses qui ont été neutralisées”, confie-t-elle à VOA Afrique.

Il est nécessaire de briser le mythe qui entoure le cancer, insistent les associations de lutte contre le cancer dans le pays.

Kafui Adjodi, survivante du cancer du col de l’utérus. Lomé, 03 février 2021.
Kafui Adjodi, survivante du cancer du col de l’utérus. Lomé, 03 février 2021.

“Il y a un double silence”, précise la présidente de l’association Femme sans cancer. “D’abord, il y a les symptômes de la maladie qui sont silencieux. Puis il y a la femme elle-même qui découvre les signes et qui est silencieuse, qui ne va pas vers les structures médicales. Brisons le silence, inciter les femmes à un dépistage précoce et enfin lever les mythes et préjugés qui entourent le cancer”, plaide-t-elle.

Kafui Adjodi, qui a traversé l’épreuve du cancer, dit être la preuve, comme beaucoup d’autres, que le cancer n’est pas une fatalité.

“Le cancer, on n’est pas obligé d’en mourir. Si vous êtes malade du cancer, n’ayez pas peur, ne soyez pas abattu. Essayez juste d’informer parce qu’il y a certains même qui ont honte de parler de leur état. N’en ayez pas honte. Si vous avez honte et vous vous taisez, ça veut dire que vous êtes en train de vous déclarer déjà mort”, conseille Mme Adjodi.

L’édition 2021 “Journée mondiale contre le cancer”, marque l’aboutissement de la campagne triennale baptisée “Je suis et je vais”, qui vise à dissiper la peur entourant le cancer. Les différentes stratégies misent sur la prévention et le dépistage précoce.