Le chômage est en nette hausse au Congo. Les jeunes font partie des catégories de personnes les plus touchés par ces difficultés. A Mbinda, l’ambiance est morose. Avec 90% de chômage dans son bassin d’emploi, la ville bat le triste record du plus fort taux de chômage dans le département du Niari (sud). La fermeture de la compagnie minière de l’Ogooué (Comilog) en septembre 1991 a accéléré la chute d’une ville qui comptait une dizaine d’entreprises dans les années 1980, contre zéro aujourd’hui. Les jeunes chômeurs de Mbinda sont devenus des zombies, errant entre les statuts légitimes qui fondent les différentes catégories instituées : ni en emploi, ni en éducation, ni en formation, ni en retraite… ?
La politique menée au nom de la lutte contre le chômage des jeunes au Congo n’a eu pour effet que de les précariser et de les marginaliser davantage.
Il semble bien que chômage soit synonyme de chute dans un trou, une trappe, une zone d’invisibilisation majeure pour les jeunes de la ville de Mbinda en cette période de crise économique que traverse le pays. Tout semble être figé dans le temps à Mbinda.
1991 fut la dernière année glorieuse pour cet ancien petit paradis qui faisait rêver tout le Congo et le Gabon voisin. 1991, une date sombre pour un petit paradis perdu à la recherche d’un nouvel avenir. C’était la fin des activités du téléphérique. Il y a donc 30 ans. COMILOG qui a « inventé » la ville où le minerai était chargé dans des wagons à destination du port de Pointe- Noire, a cessé brutalement l’aventure du manganèse via Moanda au Gabon et tout continue de s’écrouler dangereusement sous le regard impuissant des populations locales et des pouvoirs publics.
La ville de Mbinda a perdu presque de toutes les commodités d’usages en un clin d’œil. Plus d’eau potable et d’électricité. Le désarroi des visiteurs ne se cache pas longtemps une fois le soleil couché. Dès la tombée de la nuit, la localité est plongée dans une obscurité totale. Les habitants résignés se retirent petit à petit chez eux en attendant le levé du jour. Les populations se désaltèrent désormais avec les eaux des puits ou de source. Les risques des maladies microbiennes sont grands.
Le manque de route carrossable n’est pas en reste dans le dénuement de Mbinda. Pendant la saison de pluie, quelques rares transporteurs qui fréquentent souvent la localité n’osent plus s’y aventurer à cause des pannes provoquées sur leurs véhicules par l’état piteux de la route. La latérite laisse la place aux bourbiers.
Ainsi, la pratique des activités génératrices de revenus est difficile pour les 5000 âmes qui vivent encore dans cette ville située à 7km du Gabon. L’avenir de Mbinda est très sombre comme ses rues après le coucher du soleil.