Les Mbochis d’Oyo déclarent la guerre au Téké Florent Ntsiba

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Le puissant « dircab » de Sassou, Florent Ntsiba, au cœur de la lutte des clans.Ces dernières semaines, une poignée de membres du premier cercle du président Denis Sassou Nguesso ciblent son directeur de cabinet depuis 2017, Florent Ntsiba, et poussent un candidat pour le poste. Parmi eux figure l’influent ministre de l’aménagement du territoire, Jean-Jacques Bouya.

L’un des postes les plus puissants et les plus enviés de la présidence congolaise est depuis octobre au centre d’une sourde lutte d’influence : celui de directeur de cabinet du chef de l’Etat Denis Sassou Nguesso. Depuis août 2017, il est occupé par le général à la retraite Florent Ntsiba, qui avait à l’époque joui de l’appui du ministre des industries minières et de la géologie, le général Pierre Oba, qui a été dans les années 1970, avec lui, collaborateur de Sassou Nguesso, alors ministre de la défense du président Marien Ngouabi. Ntsiba avait en réalité été présenté à Denis Sassou Nguesso par Camille Oko, ami et ex-conseiller de Sassou aux renseignements, aujourd’hui décédé. La fonction de « dircab » est particulièrement stratégique : Ntsiba filtre notamment les demandes d’audience présidentielle des chancelleries diplomatiques présentes à Brazzaville.

Au cœur de la fronde contre Florent Ntsiba figurent les deux filles aînées du président congolais, Julienne Johnson et Ninelle Ngouélondélé, très liées à leur père. Ces dernières insistent pour faire nommer à la tête du cabinet présidentiel Gilbert Ondongo, ancien ministre des finances qui a été remercié à la faveur du remaniement de mai 2021 et nommé quelques jours plus tard « représentant personnel chargé du suivi et de l’évaluation des plans et programmes » auprès du président, avec rang de ministre d’Etat (AI du 04/06/21). Une fonction aux contours très flous.

Bouya gagne du terrain

Les deux femmes sont discrètement appuyées dans leur plaidoyer par Josué Rodrigue Ngouonimba, ministre de la construction, de l’urbanisme et de l’habitat et ami de Julienne, ainsi que par Hugues Ngouélondélé, ministre des sports et époux de Ninelle. D’ethnie téké comme Ntsiba, les deux ministres sont en concurrence politique avec ce dernier dans le département des Plateaux (centre-nord). Ce petit groupe a été rejoint par le ministre d’Etat chargé de l’aménagement du territoire et des infrastructures, Jean-Jacques Bouya, lui-même lié à Gilbert Ondongo. Le cousin du président s’est beaucoup rapproché ces derniers mois de ses nièces, ainsi que de la conseillère spéciale du président sur les affaires internationales, Françoise Joly (AI du 30/09/22).

En effet, Jean-Jacques Bouya, redevenu l’un des hommes forts du gouvernement, a retrouvé des marges de manœuvre importantes dans la gestion de l’Etat. Après avoir repris le contrôle de la Société de gestion du village aéroportuaire (Sogeva) – qui couvre l’aéroport Maya-Maya et accueille le siège d’Ecair, l’hôtel Pefaco et l’entreprise Congo Handling -, il vient de mettre en place une société dénommée SEDIC, dont l’objectif est de gérer le patrimoine immobilier et infrastructurel de l’Etat. Un caillou dans la chaussure de Denis Christel Sassou Nguesso, détenteur du portefeuille de la promotion du partenariat public-privé.

C’est d’ailleurs un cousin de Bouya, Stevie Pea Ondongo, qui vient d’être nommé le 27 octobre secrétaire général de la présidence de la République en remplacement de Jean-Baptiste Ondaye, nommé ministre de l’économie et des finances. Pea Ondongo est un mbochi de Tchikapika, près d’Oyo, fief du président Denis Sassou Nguesso.

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