Les députés demandent des sanctions financières contre leurs collègues absentéistes

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Les députés sont montés au créneau pour demander au bureau de lAssemblée Nationale de réduire conformément aux textes en vigueur les émoluments de leurs collègues qui brillent par des absences notoires et non justifiées. Cest ce qui ressort de la 10e session extraordinaire de l’hémicycle tenue la semaine dernière. 

Les membres de l’Assemblée Nationale se sont réunis le 14 avril dernier au Palais des Congrès de Brazzaville pour le compte de leur 10e session extraordinaire relative à l’examen et l’approbation du projet de loi portant prorogation de l’état d’urgence sanitaire.

Abordant le volet divers, les députés se sont appesantis sur un constat amer : les absences répétées et non motivées de certains représentants du peuple lors des sessions et réunions des Commissions permanentes de la Chambre basse du parlement. 

« Vous posez des questions très pertinentes sur l’absence de certains collègues mais indépendamment du Covid-19, qui est venu si vous voulez, nous diviser. Il se trouve qu’il y a des collègues depuis le début de la législature qui ne croient pas utile de prendre part de façon effective aux travaux de l’Assemblée Nationale. Mais les mêmes touchent les émoluments quand ceux-ci tombent. », s’indigne un député.

Face à cet état de fait, les participants ont demandé au bureau de l’Assemblée Nationale, la mise en application vigoureuse de la réglementation en vigueur afin de sanctionner les élus indélicats.

« Il s’agit de faire respecter notre propre règlement intérieur. Ça veut dire, il y a une disposition qui dit : quiconque s’absente sans justification et le plus longtemps possible, et bien désormais, il lui est seulement versé le 1/3 de ses émoluments. Donc, il appartient à nous tous en commençant par le bureau, de travailler à faire respecter notre propre règlement intérieur. », renchérit-il. 

Poursuivant son intervention, ce dernier voit mal que ce soit l’exécutif qui vienne leur faire appliquer un règlement intérieur qu’ils ont eux-mêmes approuvé et de surcroît ce sont eux le législateur.

« Il y a une chose qu’on oublie honorable président : nous sommes ceux qui fabriquent la loi, nous devons être les premiers à la respecter. Le règlement intérieur de l’Assemblée, c’est une loi. Nous n’allons pas demander au gouvernement de venir nous faire respecter notre propre règlement. », a-t-il déclaré.

Des informations fournies auxquelles le président de l’institution, Isidore Mvouba dit avoir écouté d’une oreille attentive.  

« Ce n’est pas la 1ère fois qu’on en parle. Je voulais sévir, mais je me suis dit dans un contexte où nous touchons notre indemnité tous les deux mois sinon tous les 3 mois, est-ce qu’il serait bien séant de le faire. Mais bon, je constate que cela peut être conçu comme une faiblesse du bureau si ce n’est du président lui-même. Désormais, nous allons de façon vigoureuse appliquer le règlement intérieur pour ce qui est des absents. », a souligné Isidore Mvouba.

Dans le cadre du respect des mesures barrières contre la covid-19, les députés étaient contraints d’adopter le principe de la plénière réduite l’an dernier. Un format qu’ils entendent désormais améliorer au vu de ce qui précède afin que certains de leurs collègues hormis ceux qui ont des affaires en examen prennent part aux travaux de l’Assemblée Nationale de manière rotative pour que chacun se sente concerné.

« On pourrait peut-être faire que certains députés qui ont passé un an à la maison viennent de façon rotative pour que chacun se sente un peu lié [aux activités activités de la chambre, ndlr] plutôt que de garder fixe cette composition, et les autres pourraient aller se promener dans d’autres pays des années et des années jusqu’à la fin du Covid. », a évoqué un autre parlementaire.

Soulignons qu’il s’agit d’une unième mise en garde de l’hémicycle sur la problématique des absences. En avril 2019 comme en février 2020, elle avait déjà fait l’objet des discussions à l’Assemblée Nationale, il semblerait que les députés n’aient jusque là pas été inquiétés.