Le Senat prend ses responsabilités et ne croit plus au gouvernement Makosso

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Lors des questions orales avec débat au Sénat le 21 juin, une interpellation musclée du gouvernement a révélé des tensions au sein de la majorité présidentielle. Les sénateurs, pourtant en majorité membres du PCT et de la majorité présidentielle, ont vivement critiqué l’action gouvernementale, applaudissant à plusieurs reprises les interventions du président du Sénat, Pierre Ngolo, lorsqu’il recadrait le gouvernement. Cette situation mérite une analyse approfondie pour comprendre les dynamiques en jeu et les implications pour la gouvernance du pays.

Le Sénat a démontré une vitalité démocratique en questionnant de manière rigoureuse le gouvernement. Cette attitude montre que les sénateurs prennent au sérieux leur rôle de contrôle de l’exécutif, même lorsqu’il s’agit de leurs propres alliés politiques. Une telle démarche est essentielle pour garantir la transparence et la responsabilité au sein des institutions démocratiques. Toutefois, cette interpellation a également mis en lumière une crise de confiance entre les sénateurs et le gouvernement, en particulier concernant la gestion de la situation économique et sociale du pays.

Il est notable que le Premier ministre ait été en première ligne pour répondre aux questions, alors que les ministres directement concernés par les questions abordées n’ont pas pris la parole. Cette situation soulève des questions sur la responsabilité et la capacité des ministres à défendre leurs actions. Le Premier ministre joue ici le rôle de fusible pour un gouvernement dont les ministres peinent à produire les résultats attendus depuis plusieurs années. Cela pourrait indiquer un malaise au sein de l’équipe gouvernementale et une déception des parlementaires face à l’inefficacité perçue de certains ministres.

Par ailleurs, les sénateurs ont fait preuve de professionnalisme en mettant la pression sur le gouvernement pour obtenir des réponses claires et des actions concrètes. Cependant, il est essentiel qu’ils ne se contentent pas de ces interpellations ponctuelles. Les sénateurs doivent également s’attaquer aux problèmes structurels qui minent le pays depuis des décennies. Les scandales de détournements de fonds au FIGA, aux impôts et aux douanes, par exemple, restent largement impunis. Les enquêtes parlementaires sur ces questions doivent aboutir à des poursuites judiciaires et à des sanctions exemplaires pour restaurer la confiance des citoyens dans leurs institutions.

La situation économique actuelle du Congo est endémique et chronique, et il est impératif de traiter les causes profondes de cette crise. Les sénateurs ont le pouvoir et la responsabilité de s’assurer que des mesures efficaces sont prises pour lutter contre la corruption et le détournement de fonds publics. Le peuple congolais attend des actions concrètes et des solutions durables pour sortir de l’impasse économique et sociale actuelle.

Cette session parlementaire soulève plusieurs interrogations cruciales : la critique des sénateurs reflète-t-elle une véritable crise de confiance entre le Parlement et le gouvernement ? Pourquoi les ministres directement responsables des secteurs en crise ne sont-ils pas davantage sollicités pour s’expliquer ? Les sénateurs vont-ils utiliser leur énergie pour traiter les problèmes structurels et publier les résultats de leurs enquêtes sur les détournements de fonds ? Ces questions méritent des réponses claires et des actions concrètes.

Les sénateurs ont montré qu’ils pouvaient mettre la pression sur le gouvernement, même s’ils sont de la même majorité présidentielle. Toutefois, ils doivent également assumer leur rôle en s’attaquant aux racines des problèmes structurels du pays. Le moment est venu pour eux de prouver qu’ils sont capables de mener des réformes significatives et de tenir tête aux forces de l’inertie et de la corruption qui ont paralysé le pays pendant des décennies. Le peuple congolais attend des actions déterminées et concertées pour redonner espoir à la nation et instaurer un avenir plus prospère pour tous.