Le ministre des finances, du budget et du portefeuille public, Rigobert Roger Andély, a présenté au parlement, la semaine dernière, le projet de loi de finances rectificative. Grâce à la montée des cours du pétrole, le Congo s’attend à récolter un total prévu de 1.952 milliards 590 de francs Cfa de recettes, contre 1.094 milliards 149 millions de francs Cfa prévus dans la loi de finances initiale. Ce qui élève le budget de l’Etat pour cette année à la somme de 2.825 milliards 58 millions de francs Cfa, contre 1.935 milliards 253 millions de francs Cfa dans le budget initial, soit une augmentation de 45,97%. Le projet de collectif budgétaire qu’il a défendu se caractérise aussi par la création d’un Fonds de résilience (contre la crise alimentaire) dont les ressources proviennent de la vente des produits pétroliers.
L’année 2022 sourit au Congo comme une année où le pétrole retrouve sa place de principal pourvoyeur de fonds au budget national, grâce à la vente des cargaisons. Au cours de cette année, le Congo a pratiquement doublé ses recettes pétrolières qui ont augmenté de 78,70%. Ce qui lui permet de soulager le secteur social et de desserrer l’étau de la dette qui a asphyxié son économie, après la chute des prix du pétrole en juin 2014.
Sur le plan social, le gouvernement a prévu de recruter cette année 3.940 fonctionnaires dans dix départements ministériels dont 1.500 enseignants (Ministère de l’enseignement préscolaire, primaire, secondaire et de l’alphabétisation), 350 enseignants du secteur technique et 1.050 agents pour le secteur de la santé et de la population.
En ce qui concerne la dette, le gouvernement a augmenté le remboursement des emprunts extérieurs à 726 milliards 400 millions de francs, contre 441 milliards de francs Cfa dans la loi initiale. Cependant, il a gardé le même montant pour le remboursement de la dette intérieure prévu à 315 milliards 874 millions de francs Cfa. Pourtant, le paiement de la dette intérieure signifie aussi relance du secteur privé national qui a été durement affecté par la crise économique et par la lutte contre la pandémie de covid-19. Surtout que le Fonds national de solidarité pour le soutien aux entreprises n’est alimenté qu’à hauteur d’un milliard de francs Cfa au cours de cette année.
Le budget 2022 réajusté permet aussi au gouvernement de pouvoir assurer le paiement régulier des salaires de la Fonction publique, des pensions des retraités, notamment ceux de la C.r.f (Caisse de retraite des fonctionnaires) et d’alimenter régulièrement les budgets de transfert pour les institutions et les structures publiques à gestion autonome comme l’Université Marien Ngouabi, le C.h.u (Centre hospitalier et universitaire) de Brazzaville, les collectivités locales, etc.
Si les charges du personnel n’ont pas changé, à 379 milliards de francs Cfa, le budget des transferts a sensiblement augmenté, passant de 487 milliards 100 millions de francs Cfa dans le budget initial, à 674 milliards 707 millions de francs Cfa, soit une hausse de 38,52%. Mais, les budgets des institutions nationales et des structures publiques à gestion autonome n’ont pas bougé. Paradoxalement, les personnels des institutions nationales continuent de subir des retards de salaires qui aggravent le phénomène d’absentéisme dans les lieux de travail. Il suffit d’aller par exemple à la C.n.d.h (Commission nationale des droits de l’homme) pour voir des bureaux vides.
En somme, avec la manne pétrolière, on ne peut pas parler d’euphorie, comme le ministre Andély l’a signifié devant les parlementaires. La prudence doit demeurer la règle et la rigueur dans la gestion des finances publiques, le principe qu’il ne faut pas perdre de vue, pour ne plus retomber dans le marasme économique que nous avons connu.