2 milliards de fcfa ont été mobilisés pour l’organisation de la 11 ème édition du Fespam en juillet prochain à Brazzaville. Des cérémonies de prélancement à Sibiti, chef lieu du département de la Lekoumou, et à Paris en France, rongent une partie du budget voire des recettes publiques. On parle même de l’acquisition d’un podium et équipements liés à cet événement.
« Une priorité à l’événementiel culturel sans impact économique aucun sur la vie au quotidien des congolais », maugréent, en sourdine, les spécialistes des finances publiques, confrontés à l’absorption de la demande sociale. Pas les culturels moins au fait de la situation financière du pays.
Dans le contexte post conflit de 97, le Fespam accompagnait bien le slogan » L’espoir renaît » à Brazzaville. La consommation de événementiel à forte valeur ajoutée culturelle, suscitée par les éditions suivantes du Fespam, se justifiait bien, au regard du boost des recettes pétrolières qui a mis au vert tous les agrégats macro-économiques du Congo, au point de faire momentanément de Brazzaville un » hub financier » respecté. Aujourd’hui, l’injection de 2 milliards de fcfa dans l’organisation du Fespam est sans objet. Cette histoire du Fespam, un peu comme si ton voisin endetté et incapable de subvenir aux besoins élémentaires de sa famille, organise de somptueuses fêtes ou anniversaires avec le peu d’argent qu’il gagne mensuellement.
Des questions méritent d’être posées :
1) Les 2 milliards de financement du Fespam ne peuvent-ils pas liquider, en partie, le paiement des bourses des étudiants congolais à l’étranger et de l’université Marien Ngouabi ?
2)Les 2 milliards du Fespam ne peuvent-ils pas payer une partie de la dette de l’Etat congolais envers l’université privée de Marrakech au Maroc où sont bloqués les diplômes des étudiants congolais?
3)Les 2 milliards du Fespam ne peuvent-ils pas liquider une partie des arriérés de pensions des retraités de la Crf et de la Cnss ?
4)Les 2 milliards du Fespam ne peuvent-ils pas servir au fonctionnement de l’université Marien Ngouabi dont les ordres de paiement sont en souffrance à la direction générale du Trésor, faute de liquidités ?
5)Les 2 milliards du Fespam ne peuvent-ils pas servir à l’amélioration du plateau technique des hôpitaux de référence de Brazzaville et Pointe-Noire ?
6)Les 2 milliards du Fespam ne peuvent-ils pas résoudre quelques problèmes du Chu de Brazzaville, appelé à jouer un rôle prépondérant dans la mise en place de la Camu…?
Dans un pays où tout est une priorité, il appartient aux gouvernants, notamment au premier ministre, Anatole Collinet Makosso, de soigner la qualité de la dépense, ainsi que le recommandent les institutions de Bretton Woods( Banque Mondiale et FMI) , pour être en phase avec l’essentiel des aspirations du peuple.
En politique, surtout en Afrique, celui qui gagne la bataille du social se voit créditer d’une bonne cotation au marché de la bourse des valeurs (politiques).
A. Ndongo, journaliste économique et financier