Emmanuel Macron en visite au Cameroun, au Bénin et en Guinée-Bissau

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Pour cette nouvelle tournée africaine, qui débute ce lundi 25 juillet, le président français sera accompagné des ministres des Affaires étrangères, des Armées et des Relations extérieures ainsi que de la secrétaire d’État chargée du développement. L’Élysée dit vouloir « garder le fil du renouvellement de la relation de la France avec ses partenaires africains ».

Une première. Depuis son élection en 2017, Emmanuel Macron ne s’était encore jamais rendu au Cameroun, au Bénin et en Guinée-Bissau. Le président français entamera sa tournée par le Cameroun où il restera jusqu’au 26 juillet. Il se rendra ensuite au Bénin, un pays que l’Élysée juge « de plus en plus connecté aux problématiques sahéliennes ». Le chef de l’État français terminera par la Guinée-Bissau, le 29 juillet. Le pays vient de prendre la présidence tournante de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest. 

Ce déplacement en Afrique, le premier depuis la réélection d’Emmanuel Macron en avril, aura notamment pour thèmes la crise alimentaire provoquée par la guerre en Ukraine, les enjeux de production agricole et les questions sécuritaires, selon la présidence.

L’Élysée veut d’abord mettre en avant l’initiative Farm. Lancée fin mars avec l’Union européenne, le G7 et l’Union africaine, elle a pour objectif de doper la production agricole dans un contexte mondial d’insécurité alimentaire et faire du Cameroun un exemple, avec la perspective d’investissements français.

Table ronde à Yaoundé

La présidence française compte aussi appuyer sa nouvelle façon de s’adresser au continent. Il s’agit de « marquer la continuité et la constance de l’engagement du président de la République dans la démarche de renouvellement de la relation avec le continent africain », commente l’Élysée. Une table ronde est ainsi prévue à Yaoundé afin de permettre à de jeunes Camerounais ayant participé au sommet Afrique-France à Montpellier d’interagir directement avec le président français. 

Sur le passé, l’Élysée ne dit pas s’il y aura des annonces, mais Emmanuel Macron emmène avec lui l’historien Achille Mbembe et l’artiste Blick Bassy, dont l’album 1958 rend hommage à Ruben Um Nyobé, figure de la lutte pour l’indépendance dont se revendiquent des militants upécistes. Ils viennent d’ailleurs d’écrire une lettre ouverte. dans laquelle ils demandent « la repentance et la réparation des exactions commises ».

L’étape béninoise sera marquée par la question des restitutions des biens culturels et celle du glissement vers les pays côtiers de la menace terroriste qui touche le nord du Bénin et le nord du Togo. Le président français avait annoncé la semaine dernière sa volonté de « repenser d’ici à l’automne l’ensemble [des dispositifs militaires de la France] sur le continent africain », alors que la force Barkhane est en train de boucler son départ du Mali. Disant vouloir des « dispositifs moins posés et moins exposés », le président avait jugé qu’il s’agissait d’une « nécessité stratégique ».

Enfin, la visite à Bissau constituera le premier séjour officiel d’Emmanuel Macron en terre lusophone. 

Les « situations individuelles » abordées

Bien d’autres enjeux, notamment sécuritaires et politiques, seront abordés comme la crise anglophone qui dure depuis cinq ans dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun, ou encore les appels de la société civile qui s’inquiète de la restriction de l’espace civique. Mais le président français ne rencontrera pas lui-même les représentants des partis d’opposition.

Les autorités camerounaises diront sans doute que tout est sous contrôle, qu’elles gèrent la situation. C’est le discours de façade. Mais en privé, tout le monde comprend à quel point la situation est difficile sur le terrain.

Arrey Elvis Ntui (International Crisis Group) sur la crise anglophone

Et pour le Bénin, à la question de savoir si les cas des opposants en prison Reckya Madougou et Joël Ahivo, condamnés à 20 et 10 ans de prison, sera une préoccupation, l’Élysée répond qu’à chaque étape de cette tournée, les questions de gouvernance et d’État de droit seront sur la table. « Les situations individuelles » aussi, ajoute la présidence française. Mais ce sera uniquement le cas dans le cadre des entretiens directs entre chefs d’État. Il n’y aura « pas d’injonction médiatique ». « Ce n’est pas la méthode que nous retenons, dit l’Élysée. La ligne du président français n’est en aucun cas de s’ériger en donneur de leçons ou de promouvoir un modèle. »