Conseil des ministres : Le gouvernement serait-il sourd aux cris de détresse des congolais ?

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La dernière réunion du conseil des ministres a laissé dans l’opinion un arrière-goût d’inachevé, tant celle-ci n’a pas évoqué, même à titre d’information, les préoccupations actuelles des congolais, notamment le coût de la vie. Dans les bus, et autres ‘’ngandas’’, ce manquement est interprété par les populations, comme une indifférence du gouvernement à l’égard de tout ce qui touche à leur quotidien.

La hausse vertigineuse des prix des denrées de consommation courante à laquelle s’est ajoutée celle du prix du sac de ciment qui est passé du simple au double, voire au triple auprès de certains revendeurs, défraient la chronique et appellent de la part du gouvernement, la prise de mesures idoines pour tenter d’endiguer tant soi peu cet état de fait et soulager le portefeuille des congolais, déjà rudement éprouvé.

Pour le congolais lambda, la preuve que ses préoccupations sont prises en compte par les autorités tenues de le rassurer, à défaut d’y trouver des solutions immédiates, c’est que lesdites préoccupations soient examinées en haut lieu, notamment en conseil des ministres. Cela donne une sensation d’ersatz, à défaut du traitement devant guérir la mal. Tout au moins une approche de solution.

C’est cette sensation qui est notée auprès des congolais qui sont persuadés que le gouvernement se préoccupe de la situation des inondations au Nord-Congo. La communication présentée en Conseil des Ministres par la Ministre des Affaires Sociales et de l’Action Humanitaire, relative à la situation des catastrophes humanitaires dans le nord-Congo et les solutions envisagées, montrent que quoique n’étant pas inscrite à l’ordre du jour du conseil, cette communication est déjà en soi un début d’approche de solutions. Et cela rassure.

Ainsi qu’on le voit, après avoir pris note de ces informations, le Conseil des Ministres a exprimé sa compassion et la solidarité des pouvoirs publics à l’endroit des populations sinistrées. Il a invité les Ministères et services compétents à poursuivre l’assistance qui leur est due.

Peut-être que les ministres en charge du Commerce ou des Mines, voire de l’Énergie, ont-il manqué de jugeote face à une situation qui engendre déjà un réel malaise social. Car, comment interpréter ces réactions dans l’opinion, du genre : « le gouvernement est indifférent à la hausse du prix du poisson salé, de l’huile ou du ciment, parce que les ministres ont suffisamment d’argent et ils peuvent s’acheter ces produits à n’importe quel prix ». Ou encore, « qu’est ce qu’on a à voir avec les projets de loi qui remplissent les conseils des ministres. Est-ce que c’est ça qu’on va manger ? »

Et à propos du ciment, en l’absence de la parole officielle pour communiquer sur la situation, quelques imposteurs se sont engouffrés dans la brèche, pour dresser un réquisitoire à charge pour le gouvernement, sur l’arrêt de la production de certaines cimenteries, en attendant que le gouvernement ne se fonde en de démenties, comme pour se justifier.

Ces réactions et bien d’autres, quoique triviales, traduisent le mal-être de la population et donnent l’impression qu’il existerait un réel fossé entre le peuple et ses dirigeants qui eux, vivraient dans un monde autre que le sien et dont ils méconnaissent les réalités les plus élémentaires.

Il n’est pas une famille qui ne se plaigne sur le coût de la vie, de plus en plus difficile à supporter. Un coût pour lequel les chefs de famille s’adonnent à de véritables « gymnastiques » pour tant soi peu sauver les apparences.

Faire manger la famille à sa faim devient une prouesse pour laquelle la ménagère revient toute fâchée du marché.

Se déplacer renvoi à d’hypothétiques notions d’arithmétique, tant les « demi-terrains » sont une inconnue à intégrer dans l’estimation du coût du transport quotidien dont le solde est toujours négatif.

Que dire de la scolarité des enfants à l’école publique, naguère fierté de la République. Celle-ci a cessé de remplir sa vocation, avec des classes surchargées et des élèves assis à même le sol, dans un pays exportateur de bois, quand ce ne sont pas les enseignants, notamment vacataires, qui sont constamment en grève, pour cause de salaires impayés.

Se soigner est encore bien plus difficile, avec un personnel de santé qui monnaye sans état d’âme, la sauvegarde de la vie au prix fort, dans des structures de santé où certains soignants revendent l’essentiel de ce que l’État met à leur disposition pour prendre en charge les malades, quand ils ne puisent pas simplement dans les médicaments des malades pour les revendre à d’autres malades.

Il en est de même dans d’autres secteurs professionnels où celui qui a la moindre parcelle de responsabilité, s’en sert pour racketter, extorquer, ou confisquer ce qui appartient à autrui, pensant arrondir ainsi ses fins de mois.

Même enterrer son défunt devient de plus en plus coûteux, avec un devis d’inhumation sorti des pompes funèbres qui s’allonge comme une ordonnance sur laquelle le médecin aurait consigné les produits les plus efficaces et indispensables pour ramener le défunt à la vie.

Quand on y ajoute les irrégulières fournitures de l’eau et de l’électricité, pour lesquelles jamais les quittances ne sont indexées sur la consommation réelle, faite de privations imposées aux abonnés, c’est la totale. Et le malaise couve, sur ces situations et bien d’autres encore, qui impactent le quotidien des congolais.

Les autorités devraient entendre cette colère sournoise qui gronde dans le peuple et y apporter les solutions qui s’imposent, en répondant véritablement la question : « que demande le peuple ? »