Depuis le 24 février, la marine nationale française n’est plus présente en mer Noire, car la convention de Montreux qui, depuis près de 80 ans, régit le passage du détroit du Bosphore, permet à la Turquie d’en bloquer l’accès en cas de conflit. Elle observe néanmoins avec acuité les mouvements dans cette étendue d’eau devenue presque exclusivement russe.
Après cent jours de guerre en Ukraine, les marins français tirent les premiers enseignements. Premier constat, côté naval : Moscou, bien que les détroits soient fermés, continue de faire circuler ses sous-marins entre son port de Sébastopol et celui de Lattaquié, en Syrie. Ils appartiennent à la flotte de la mer Noire, font-ils valoir, donc ils peuvent transiter et Ankara laisse faire.
Seconde analyse, bien que l’Ukraine soit parvenue à couler le Moskva, navire amiral russe, la flotte de la mer Noire, composée de 50 bâtiments dont quatre sous-marins d’attaque de classe Kilo, reste une menace, pointe la marine française.
Si la flotte russe ne semble pas en capacité de mener une opération amphibie sur Odessa, elle en bloque l’accès. Une centaine de mines a été mouillée, dont cinq auraient dérivé. Et la marine russe, désormais solidement implantée sur l’île des Serpents, contrôle le golfe d’Odessa, profitant du vide laissé par les autres marines et du fait que l’Ukraine ne possède pas de navires de guerre.
Pour permettre aux navires marchands d’exporter les céréales ukrainiennes, il est donc obligatoire de mettre en place un corridor maritime non militarisé. Le faire sans l’accord des Russes semble hasardeux, disent de hauts gradés, précisant dans cette mer Noire, devenue un lac russe, il est important de maîtriser l’escalade de la violence.