Un avocat français condamné à Paris pour diffamation envers des lanceurs d’alerte congolais

En France, le tribunal judiciaire de Paris a condamné jeudi 2 juin un avocat français d’Afriland Bank pour diffamation envers deux lanceurs d’alerte de la République démocratique du Congo (RDC) et la Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique (Pplaaf). Maître Éric Moutet était poursuivi pour des propos tenus en 2021 lors d’une conférence de presse.

Lors de cette conférence de presse, en février 2021, Maître Éric Moutet avait qualifié les deux lanceurs d’alerte de « faussaires ». L’avocat d’Afriland Bank cite un jugement, rendu par le tribunal de Kinshasa qui condamne à la peine capitale Navy Malela et Gradi Koko.

Ces deux anciens salariés de la banque ont dénoncé des irrégularités impliquant le milliardaire israélien Dan Gertler.

Le tribunal judiciaire de Paris a estimé jeudi que l’authenticité du jugement ne pouvait être confirmée et a donc condamné Maitre Éric Moutet pour diffamation.

« Finalement, à chaque fois qu’une organisation, que des lanceurs d’alertes ou que des journalistes s’intéressent à Dan Gertler, elles font face à des attaques sans précédents, et donc là à des propos diffamatoires, dit Henri Tulliez, le directeur de la Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique. Ce qu’on a voulu faire avec ce procès, c’est simplement rétablir l’honneur de la Pplaaf, rétablir l’honneur des lanceurs d’alerte, et faire en sorte que toutes ces lignes rouges qui ont été franchies ne pourront plus l’être à l’avenir. »

Maitre Éric Moutet répond que le tribunal a retenu son absence d’animosité personnelle et qu’il a été relaxé d’une partie des imputations diffamatoires. Cet avocat a fait appel.

« Le processus complet sera connu une fois que la cour d’appel de Paris aura examiné et arbitré le dossier. Donc pour l’instant, nous sommes au stade d’une première instance, et d’une péripétie judiciaire au milieu de bien d’autres dans ce dossier », explique Henri Tulliez.

Navy Malela et Gradi Koko, qui vivent actuellement en exil, sont toujours condamnés à la peine capitale en RDC.