Affaire FIGA, une hirondelle qui annonce le printemps ?

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Après la publication de notre billet sur l’affaire FIGA, certains esprits grincheux ont trouvé le moyen de s’indigner contre, disent-ils, un bouclier ethnique qui aurait été dressé afin de protéger Mme Lydia Mikolo, comme si cette dernière avait été envoyée au gouvernement par son ethnie, pour servir les intérêts de l’ethnie.

Nous rappelons à ces blancs-becs, qui soutiennent M. Sassou Nguesso, un Président ethniciste qui avait choisi Mme Lydia Mikolo pour des raisons que nous ignorons, que nous n’avons aucun état d’âme à soutenir une opération mains propres, si le pouvoir décide d’aller dans ce sens.

Nous nous réjouissons d’ailleurs que ceux qui avaient l’âme en hibernation et la conscience dans le tiroir-caisse lorsque la commission animée par M. Lamyr Nguelet avait mis en lumière un détournement de plusieurs milliards de F CFA, retrouvent enfin les chemins de la vertu.

Si l’affaire FIGA peut servir à réanimer la conscience citoyenne dans ce temple de médiocrité démontrée par l’absence de toute réalisation, temple dans lequel les voleurs essaiment dans le système depuis 1 million d’années, alors notre soutien sera total.

Sans tarder, exigeons donc au gouvernement d’initier l’audit de la SNPC qu’attendent les experts du FMI depuis des années, celui des Grands Travaux, des municipalisations accélérées, d’Ecair, du fonds routier, etc …..

Aussi, que ceux qui embraient l’itinéraire du parfait ignorant en qualifiant de détournement de fonds un dispositif d’aide institutionnelle légal dans notre pays, en prennent de la graine. Pour rappel, la pratique dénoncée dans l’affaire du FIGA qui consiste pour les établissements publics à financer les activités ministérielles, existe aussi à l’ARPCE et dans bien d’autres établissements publics.

Qui devons-nous donc croire ? Une ministre considérée comme l’une des plus crédibles du gouvernement, qui a géré le budget pharaonique de la santé sans que l’opinion n’ait été saisie du moindre rien et qui découvrirait les délices de la prédation des deniers publics ou un homme déchu et aigri qui voyage en jet privé, qui a été épinglé par le ministère en charge du contrôle d’Etat pour sa gestion chaotique à la tête du FIGA et qui aurait mis des documents officiels sur les réseaux sociaux en enjambant le droit de réserve, simplement parce qu’il est protégé par le ministre de l’intérieur et qu’il ne veut pas couler seul ?

Alors, au lieu vouloir amener à la guillotine une Ministre victime d’un règlement de compte de la part d’un maitre mangonneau qui avait été auditionné par le Premier Ministre avant sa mise en quarantaine, dénonçons un système ou des pratiques qui peuvent conduire à des dérives inimaginables.

Il y a fort à parier que l’opération qui est en cours soit justifiée par d’autres motivations pour que le PCT aille à la remise sortir des banderoles en sommeil. Il y’a à redouter que la décision d’en finir avec elle ait été entendue quelque part, ou encore, le PCT qui est passé maitre dans l’art de l’enfumage, dissimule un autre coup tordu, comme ce fut le cas lors des législatives dans la circonscription unique de Mouyondzi, lorsque ce parti s’est servi de la montée de fièvre pour masquer le braquage national des législatives.

Nous demandons moins d’agitation et de pépiements à tous les passereaux qui auraient reçu des promesses de financement du FIGA et qui mettent toutes leur force dans ce qu’ils considèrent comme la mère des batailles.

M. le Premier Ministre, ce n’est pas glorieux de laisser un membre de votre gouvernement se faire lyncher par une meute sur les réseaux sociaux quand on sait que vous et votre Ministre en charge du contrôle d’Etat, aviez diligenté une réunion extraordinaire du comité de direction du FIGA en février 2023. Qu’avez-vous fait des résultats de ce rapport ?

A partir des éléments de ce rapport, soit vous protégez la ministre parce que vous estimez qu’elle n’a rien à se reprocher, soit vous la virez dans le cas où vous estimez qu’il y’a des éléments à charge contre elle.

Il n’y a pas de juste milieu entre ces deux positions. Se délecter de la souffrance d’une femme dans le tourbillon d’une machine à laver, est une forme de lâcheté.

L’affaire FIGA montre à suffisance, que les invités au banquet des putschistes de 1997, qui en occupant des strapontins croyaient avoir obtenu le label de filles et de fils adoptifs du système, se doivent de retrouver leurs esprits.

Malheureusement, comme une barque qui prend l’eau de toute part, on commence par balancer par-dessus bord les bagages les moins importants, tout en caressant le rêve d’éviter le naufrage.

Autoriser une partie de sa jeunesse oisive à organiser une marche le week-end prochain pour demander la démission de la Ministre, est un signe qui ne trompe pas. Tout pouvoir qui dévore ses propres enfants est un pouvoir qui court à sa perte.

Malheur aux sociétés qui envoient à dache des femmes qui ont du cran. Ce n’est que le début de la fin d’un piètre système qui martyrise les congolais depuis 4 décennies.

Que Dieu bénisse le Congo.

Laurent DZABA
Président du Mouvement Panafricain et Citoyen