Département du Pool : Une déforestation à marche forcée

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Sa proximité avec Brazzaville la capitale, qui du reste intègre son périmètre géographique, offre au département du Pool une aubaine en termes d’échanges commerciaux. Au nombre des produits les plus vendus, il y a le bois de chauffe et le charbon de bois. Leur exploitation intensive interroge désormais sur la déforestation sournoise du département.

Le long de la route Brazzaville-Kinkala, mis à part le manioc, le bois de chauffe et le charbon en sac sont les produits les plus exposés à la vente dans les villages traversés.

Outre l’ouverture des champs agricoles qui nécessitent le défrichage et l’abattage des arbres sur les étendus à cultiver, l’exploitation du bois et du charbon de bois autrement appelé ‘’or noir ‘’ dans la région, conduisent également aux prélèvements des arbres qui se dressent encore dans les rares massifs où quelques arbres tiennent encore debout. 

Même les arbustes de savanes y passent, rendant les savanes à l’état presque désertique.

Alors que l’exploitation du bois de chauffe et du charbon de bois se faisait naguère avec le bois issu du brulis des plantations, désormais cette activité consiste en des prélèvements des essences ciblées, ainsi qu’en la confection des fours à charbon au voisinage des massifs exploités, bien souvent des terres agricoles.

L’agression de la nature est alors de deux ordres. La déforestation et l’appauvrissement des sols rendus inexploitables pour des activités agricoles, tant ils sont brûlés.

Ce phénomène crée de vives tensions dans les villages entre les jeunes de plus en plus favorables à l’exploitation du charbon de bois et les anciens qui plaident pour une activité modérée, afin de ne pas appauvrir les terres arables proches des villages.

Là où les forêts ont carrément été décimées, et ne se réduisent désormais qu’en des arbustes, les producteurs de charbon se tournent vers les arbres fruitiers et certains types de manguiers sont carrément promis à l’abattage.

Le phénomène est très prononcé dans les sous préfecture de Goma Tsé-Tsé, Kinkala et de Mbanza Ndounga où les facilités d’écoulement de la marchandise vers Brazzaville ainsi que la demande toujours croissante, pérennisent l’activité.

Il est vrai que de nombreux jeunes justifient leur entreprise de destruction forcée de l’environnement par le manque de débouchés porteurs, afin de se prendre en charge. Cependant, aucune politique conséquente de reboisement n’est menée dans les villages concernés et les pouvoirs publics semblent s’accommoder de la situation.

Même la journée nationale de l’arbre n’est pas vraiment respectée, alors qu’elle devrait à tout le moins contribuer au reboisement de tous ces arbres saccagés.

En dehors du massif de Bangou vers Mayama, le Pool ne compte presque plus de forêts.

Michel Rafa l’a si bien chanté : « Médi ma sangui, bivuku kwa bia sâlà » autrement dit, « Les forêts sont depuis devenus des buissons et champs de ronces ».

Au regard du péril environnemental observé dans certaines partie du département du Pool, une politique rigoureuse de repeuplement des massifs forestiers s’impose, de la part des pouvoirs publics, à défaut des ONG qui interviennent dans le secteur de l’environnement et du reboisement.

Le programme DDR mené par le Haut Commissariat à la réinsertion des ex combattants accorde une attention particulière aux risques et impacts environnementaux éventuels, y compris ceux sur l’environnement (air, eau et sol), la santé, la sécurité humaine et les ressources culturelles et physiques.

Tenant compte de la présente exigence, il est mis place dans chaque projet, un responsable en charge de la gestion environnementale et sociale. Ainsi, les actions de développement se mènent en synergie avec la sauvegarde de l’environnement.

Ces actions méritent d’être vulgarisées sur l’ensemble du département, afin de travailler à changer certaines mentalités fortement enracinées dans la population, en apportant des approches nouvelles, dans la gestion des écosystèmes.

C’est un travail de longue haleine certes, que de reboiser. Mais plus on attend, plus le danger s’enracine davantage. Peut-être ce chantier sera-t-il au nombre de ceux dont les membres du tout nouveau conseil départemental auront à cœur de mener.

Les services du ministère de l’Économie forestière n’en sont que disposés à les y aider.