Biodiversité : le Congo a officialisé la création de ses premières aires marines protégées

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La création de l’aire marine protégée de la Baie de Loango, la première du genre au Congo, a été entérinée au cours des réunions des commissions de classement des trois aires marines protégées (AMP) incluant également celle du site de Mvassa ainsi que l’extension de la partie marine du Parc national de Conkouati-Douli, dans les départements du Kouilou et de Pointe-Noire.

Les rencontres patronnées par le ministère de l’Economie forestière (MEF) ont réuni, du 29 au 31 août à la préfecture du Kouilou et dans la salle du centenaire de Pointe-Noire, toutes les parties prenantes concernées, à savoir les communautés riveraines, les associations de conservation de la biodiversité, le secteur privé, les cadres de l’administration centrale et déconcentrée des ministères concernés et les autorités politico-administratives. La création de ces AMP par la République du Congo, appuyée par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) à travers le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), l’association Renatura Congo et la Wildlife conservation society (WCS), doit permettre de protéger les ressources marines et les habitats côtiers remarquables sur près de 4330 km², soit 12,01% de la Zone économique exclusive du Congo (ZEE).

Les travaux ont donné lieu à l’examen et l’adoption de tous les documents devant permettre le classement en AMP des sites de la Baie de Loango et de Mvassa ainsi que l’extension de la partie marine du Parc national de Conkouati-Douli,  conformément aux dispositions de l’arrêté n°21411 du 11 novembre 2019  portant attributions, organisation et fonctionnement de la commission de classement et de déclassement d’une aire protégée. En effet, riches en biodiversité et en ressources halieutiques, ces sites constituent des zones de pêche côtière et hauturière parmi les plus productives au monde, et contribuent à la sécurité alimentaire des communautés locales. Ils abritent des lieux de nidification et d’alimentation d’importance mondiale pour les tortues marines, des zones essentielles de migration et de reproduction pour certains mammifères marins comme la baleine à bosse de l’Atlantique ou le dauphin à bosse, espèce en danger critique d’extinction.

Pour protéger ces richesses actuellement menacées par les activités anthropiques non durables (surpêche, pollution, pêche INN etc), la République du Congo a signé, le 25 avril 2017 avec le PNUE, un accord de coopération pour la mise en œuvre du projet de création de l’AMP de la Baie de Loango et mis en place un vaste programme dédié, appelé « Congo Marin». La création de ces nouvelles aires protégées découle ainsi de cette volonté nationale de préservation de l’espace marin  et des engagements pris par le pays au niveau international.

Les travaux lancés le 29 août à Loango, au siège de la préfecture du Kouilou par le préfet du département, Paul Adam Dibouilou, représentant la ministre de l’Economie forestière, Rosalie Matondo, en présence du préfet du département de Pointe-Noire et du directeur de cabinet de la ministre, ont concerné la commission de classement en AMP du site de la Baie de Loango. «Toutes les parties prenantes ont convenu de la création de cette aire marine protégée qui sera désormais appelée Réserve marine communautaire de la Baie de Loango», a confié Jean Bosco Nganongo, directeur général de l’Agence congolaise de la faune et des aires protégées.

La réserve marine communautaire de la Baie de Loango, située à 20 km au nord de Pointe-Noire, couvre une superficie de 50 020 ha, soit 500,2 km² dont 458,80 km² de partie marine. Elle abrite une zone rocheuse d’importance, reconnue pour être une zone d’alimentation stratégique pour les tortues marines. La Baie de Loango revêt également une importance internationale, régionale et nationale, en concentrant des enjeux socio-économiques, notamment en matière de pêche artisanale, mais aussi historiques et culturels à travers le site de la route des esclaves.

Les travaux dirigés par Pierre Taty, directeur de cabinet du MEF, se sont poursuivis le 30 août toujours à la préfecture du Kouilou, avec la réunion de la commission de classement de l’extension de la partie marine du Parc national de Conkouati-Douli (PNCD). Ce site situé au nord du Kouilou, le long de la frontière avec le Gabon, verra la superficie de sa partie marine s’étendre à 4 275 km², permettant ainsi au Congo d’agrandir son réseau d’aire marine protégée de 3,5 % à 10,8 % et de répondre à l’objectif 11 d’Aichi sur la convention sur la diversité biologique.

Les réunions ont été clôturées à Pointe-Noire dans la salle du centenaire par la commission de classement du site de Mvassa. S’exprimant au nom de la ministre de l’Economie forestière, Alexandre Honoré Paka, préfet du département de Pointe-Noire, a indiqué lors de l’ouverture de cette rencontre que ce site situé au sud de la ville et couvrant une superficie de 24,31 km² représente une aire d’alimentation très importante pour les tortues marines, particulièrement pour les tortues vertes.

Ces classements permettront de renforcer les efforts régionaux de protection de la biodiversité marine aboutissant à la création du plus grand complexe d’AMP transfrontalières d’Afrique centrale comprenant l’extension marine du PNCD Congo, le Parc national de Mayumba et la réserve aquatique du Grand sud au Gabon. Après la phase de création des premières AMP du Congo, suivra celle d’opérationnalisation, la plus importante pour concrétiser la protection de ces espaces, de leur biodiversité et de leurs ressources.