«Il faut que le Congo arrête avec ces manœuvres de proclamer «admis», les personnes qui sont échouées»

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«Nul  n’est prophète chez soi»! Cette expression biblique, tirée des Évangiles de Saint Luc et Saint Matthieu, devenu proverbe, ne s’appliquerait peut-être pas à Jean Antoine Chris Walembaud, sur la question de l’organisation des élections au Congo. Tel un prophète, il a prédit ce qu’on a vu pendant le vote. En effet, avant même la Concertation politique nationale d’Owando, tenu du 3 au 5 mars 2022, il avait dénoncé les manœuvres consistant à «proclamer «admis», les personnes qui sont échouées» dans les urnes. Or, l’un des phénomènes qui, pour beaucoup, caractérise les scrutins de juillet dernier, est celui des résultats qui, dans certaines circonscriptions, ne correspondent pas au verdict des urnes. Retour sur les propos de Jean Antoine Chris Walembaud, président du Codema (Congrès des démocrates africains), extraits d’une interview accordée à la chaîne en ligne Télé Renaissance (T.l.r T.v).

** Si nous n’obtenons pas la décentralisation de la liste électorale, c’est un deuxième échec. Si les questions d’autonomie financière et d’autonomie administrative de la C.n.e.i ne sont pas obtenues, c’est aussi un échec, parce que, cette C.n.e.i-là, on n’en connaît même pas la composition. La coordination (de la C.n.e.i) a combien de membres? Et puis, bon, il y a des choses qu’on ne peut pas dire! On va dire le président de la Cour suprême est en même temps président de la C.n.e.i. Vous savez ce qu’il vous répond? Il n’est pas juge du contentieux. Donc, ces fonctions peuvent être cumulatives.

Nous, nous disons que les rapports de la Cour constitutionnelle vont à la Cour suprême. Donc, il y a forcément un conflit d’intérêts. Est-ce qu’il est indiqué, dans un processus qui se veut transparent, que le président de la Cour suprême, qui est en même temps président de la Haute cour de justice, soit aussi président de la C.n.e.i ? Il y a quand même aussi d’autres cadres dans le pays.

Il faut que la C.n.e.i soit autonome financièrement et qu’elle rende compte au contribuable. C’est l’argent du contribuable qu’on met là. Or, tel que ça fonctionne, nous n’avons jamais appris qu’après une élection, il y a un compte transparent qui se fait sur sa gestion. D’où, je pense, l’exigence de l’autonomie financière, de l’autonomie administrative comme je vous l’ai dit. Trouvez-vous normal qu’un délégué chargé des actes préparatoires aille sur le terrain en retard, alors qu’il y a un travail préparatoire qu’il doit faire là-bas? Si le Ministère de l’administration du territoire ne lui donne pas l’argent, tout en étant agent de la C.n.e.i, il ne peut pas aller à temps. Et il y a une conséquence sur l’organisation du scrutin. Je vous parle en tant que technicien. Voilà, il y a des manquements.

Donc, nous allons à Owando avec des objectifs. Si ces objectifs ne sont pas atteints, si le gouvernement n’écoute pas, s’il ne prend pas en compte toutes ces exigences, (Owando), c’est un autre échec comme celui de Ouesso, comme celui de Madingou,  où il n’y a eu aucune avancée. Mais, nous pensons qu’avec le nouveau ministre, certainement les choses vont s’améliorer.

* Pour terminer, Monsieur le président, peut-on dire que c’est fait à dessein, pour écarter ceux qui ont la compétence de gérer les institutions?

** Il y a ce risque-là, parce que sinon, il faut qu’ils expliquent bien pourquoi ils ne mettent pas en œuvre ce qui a été acté par tous, de manière consensuelle? Ils ont les moyens de le faire. Ils ont la charge de gérer l’Etat. C’est ça la gouvernance! Nous, les acteurs politiques, nous constatons qu’il y a des manquements. Il faut bien qu’il y ait une responsabilité, parce qu’il y a un préjudice.

Maintenant, les procès d’intention, ça ne nous concerne pas. Nous, on n’est pas dans la subjectivité. Nous, ce sont les faits: qu’est-ce qui a été recommandé, pour améliorer le processus électoral? Tel point, tel point, tel point, tel point! Qu’est-ce qui a été réalisé? Tel point, tel autre point! Qu’est-ce qui n’a pas été réalisé? Tel autre point! Pourquoi ça n’a pas été réalisé? Mais, le comptable, c’est celui qui a la charge de mettre en œuvre ces recommandations. Et pour nous, ce sont les organes impliqués dans l’organisation des élections, à commencer par le ministre des élections qui est le ministre de l’administration du territoire, avec tous ses démembrements juridiques que sont la C.n.e.i, la D.g.a.e et les commissions locales. Voilà, parce qu’il faut bien qu’il y ait un responsable! Vous n’allez pas quand même dire que je suis candidat quelque part, les choses se passent mal, donc je dois répondre du dysfonctionnement? Ça, ce sont des histoires.

Il y a quelqu’un qui a reçu l’argent de l’Etat, pour organiser l’élection, qui devrait prendre toutes les dispositions, pour que les conditions de transparence soient réunies. S’il ne le fait pas, nous sommes qualifiés pour dire que soit il est incompétent, soit il est de mauvaise foi. Hein, il y a ce risque-là.

Ce ne sont pas les acteurs qui vont en compétition qui organisent les élections, n’est-ce pas? Il faut que le Congo arrête avec ces manœuvres de proclamer «admis», les personnes qui sont échouées. Il faut qu’on n’arrête ça! Mais, ça, il faut le dire! Où alors vous n’êtes pas une démocratie!