Zone économique spéciale : les expropriés non indemnisés de Tchimana se disent en danger

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Dans un entretien exclusif avec Les Dépêches de Brazzaville, les expropriés du quartier Tchimana (arrêt Tati) intégré dans la Zone économique spéciale (ZES) à Mongo Mpoukou, 5e arrondissement, attendent toujours d’être indemnisés.

Constitués en un collectif de plus de soixante-dix personnes, les expropriés non encore indemnisés qui se disent abandonnés à eux-mêmes  voient leurs conditions de vie se dégrader sans cesse. Ils ont adressé, le 1er juillet, une lettre ouverte au Premier ministre, Anatole Collinet Makosso. Dans celle-ci, ils font état de leur situation dans un environnement devenu hostile, Tous détenteurs des états de paiement reçus après avoir passé toutes les étapes, lesdits expropriés font partie de la seconde vague de Bikoula qui a vu le dernier paiement s’effectuer le 15 juin 2020. «Certains ayant perçu leurs indemnités ont quitté les lieux. En fait, les propriétaires non encore indemnisés sur cette seconde vague sont à 25%. La conséquence étant qu’avec le départ des propriétaires déjà indemnisés, les conditions de vie ont du tout changé, avec l’insalubrité et l’insécurité croissante, le manque d’électricité, d’eau potable, d’école de proximité pour nos enfants, la présence permanente des personnes inconnues dans les habitations abandonnées, les vols et agressions à répétition, l’absence des patrouilles de police», ont-ils expliqué.

A Tchimana, quartier jouxtant celui de Kofoli, les maisons cassées ont laissé place aux hautes herbes et à l’insalubrité. Celles encore debout sont parsemées, isolées et sans voisinage. A Tchimana, dès 18 heures chacun doit être chez soi. Quand la nuit tombe plus personne ne peux circuler, même en cas d’urgence, à cause de l’obscurité et des bandits qui opèrent dans le secteur. «Ces gens viennent avec des armes blanches. Ils volent et agressent les citoyens. Ils vandalisent les maisons. Nous ne faisons rien de peur qu’ils s’en prennent à nos familles. Lorsque nous essayons de les raisonner, ils disent que tout le quartier appartient à la ZES et que nous n’avons plus de droits sur nos propriétés. Ils viennent avec des Kavaki pour transporter leur butin qu’ils vont vendre. Nous sommes obligés de rester là », a confié Monsieur Batchi.

Ces non indemnisés déplorent aussi la rupture de communication d’avec la commission d’expropriation qui reste sourde à leur cri de détresse. «En gros, nous sommes abandonnés à nous-mêmes. Nous avons de gaité de cœur accueilli l’expropriation, mais elle nous malmène», se sont-ils plaints. Par ailleurs, leurs correspondances adressées aux autorités du département et de la ville n’ont pas encore eu de suite. «Nous soutenons le projet des ZES, cher au président de la République, car nous savons que sous d’autres cieux elles ont contribué à l’essor économique. Lors de la visite du nouveau ministre des ZES à Pointe-Noire, nous nous attendions à une rencontre avec lui. Mais cela n’a pas été le cas. Nous ignorons tout de notre sort, personne ne dit mot, aucun mot de réconfort et cela nous inquiète. Qu’allons-nous devenir ?» s’est interrogé M. Milondo.