UDH-YUKI: lettre ouverte au premier vice- président Pascal Ngouanou

Monsieur le Premier Vice-Président,

Le temps que vous perdez à bien vouloir camper dans vos positions de tranchée avec la majorité des deux tiers des membres du Bureau Politique, risquera de vous surprendre désagréablement dans vos vaines attentes d’alignement de ces derniers à votre cause égoïste. Sous la férule de notre très regretté Président Guy Brice Parfait KOLELA, nous avons été (une frange l’est encore), à l’UDH-YUKI, des démocrates humanistes. Notre humanisme mettait en avant les valeurs cardinales de la démocratie dont les principes majeurs ont été, entre autres, le nécessaire dialogue franc et sincère, la soumission de la minorité à la majorité, le respect des documents basiques de notre parti.

En rappel, lorsqu’il s’agissait de prendre de grandes décisions sur les enjeux politiques majeurs, le Président Guy Brice Parfait KOLELA n’hésitait pas de consulter ses collaborateurs ou sa base, à l’effet de lui ôter les doutes susceptibles de le mettre en désaccord avec ceux-ci. Dans une démarche pédagogique, il nous invitait à répondre, au cours d’une séance extraordinaire, au questionnaire qu’il avait savamment élaboré. Les conclusions qui en résultaient devenaient, de facto, une décision partagée dont on supportait, tous, les conséquences. « Devant une difficulté, la difficulté devenait le chemin » aimait-il nous dire ; autrement dit : « à situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles» 

Cette démarche simplement démocratique a été vite supplantée par les dérives totalitaires et suicidaires qui s’observent ces derniers temps au sein du bureau politique. Aux principes majeurs ci-haut cités, vous avez, avec une médiocrité incroyable, basé la gouvernance de l’UDH-YUKI sur le séniorat qui caractérise bel et bien la félonie de votre sénilité.

Vous le savez très bien que le bureau politique dont vous êtes le premier vice-président est l’instance de prise de décisions dans l’intervalle des conventions ou des congrès. Vous savez aussi que les décisions sont prises à la majorité des membres du bureau politique. Ce qui suppose que votre seule personne ne peut prendre de décisions de façon unilatérale.

Votre acharnement à bien vouloir obstruer la démocratie au sein de l’UDH-YUKI, juste après le décès de notre leader, n’est ni une garantie de cohésion et encore moins une continuation de son œuvre.

De vous, monsieur le premier vice-président, j’ai une opinion désavantageuse que voici : depuis votre jeune âge, vous avez tout essayé pour changer la donne politique congolaise. De la violence du monopartisme dans la JMNR au dialogue de la démocratie, rien à changer dans votre lutte politique. Vos adversaires, très déterminés n’ont pas lâché prise, ils sont toujours là, omnipotents. Et vous, fatigué par le poids de l’âge et lassé de nombreuses frustrations, vous n’écoutez désormais que votre intime conviction dont la lucidité a été dévorée par les effets pervers de votre âge. Votre affaiblissement physique et mental vous rend sourd et aveugle à la réalité politique qui recommande le courage, la cohésion, la discipline et surtout la méthode. Vous êtes, cher aîné, aux antipodes du bon sens. Et votre surdité n’est pas de nature à faire gagner l’UDH-YUKI aux échéances futures. Vous et tous ceux qui vous encensent symbolisez, désormais, le chaos et l’archaïsme politique. Le jeu démocratique est relégué dans les archives de l’histoire de notre parti. Le sacrifice suprême du Président Guy Brice Parfait KOLELA qui s’est offert en holocauste pour le changement du système politique congolais, n’est pour vous et vos acolytes, qu’un simple incident de parcours regrettable. Vous avez volontairement et pitoyablement dévoyé le sens héroïque de cette mort tragique en pleine concurrence électorale. Bon retour au bercail, monsieur le premier vice-président, après avoir été en froid, pendant presque une année, avec notre Très regretté Président que vous succédez dans la situation du fait accompli.

Comment, donc, pouvez-vous user  de la violence verbale et, au besoin, physique, pour parvenir à vos fins machiavéliques dans une famille politique déterminée à continuer  l’œuvre démocratique de son fondateur ? A Mpissa, vos complices n’ont pas hésité à utiliser la force pour empêcher les deux tiers des membres du bureau politique à faire entendre leurs voix aux militants désaxés par votre incapacité à réunir les enfants d’une même famille. Votre fumisterie s’est élargie à Moungali où vos adeptes du désordre en provenance de Bacongo, ont voulu empêcher les responsables intermédiaires de Brazzaville Nord d’écouter les deux tiers des membres du bureau politique sur vos errements politiques. Qui êtes-vous donc pour l’UDH-YUKI ?

Imaginez-vous Président de la République, monsieur le premier vice-président, c’est avec cette détermination suicidaire que vous aurez assumé vos fonctions ? C’est sûr que les militaires vous auraient embastillés ou brutalisés à mort pour incompétence ou pour haute trahison. Vous n’écoutez pas les autres et vous avez créé un climat délétère au sein de l’UDH-YUKI. Vous ne méritez pas notre reconnaissance parce que nous sommes respectueux des canons de décence de l’idéal YUKI ; voilà pourquoi les démocrates opposent une fin de non-recevoir à votre démarche suicidaire.

Toutes les contrariétés et toutes les répugnances qui se rencontrent entre votre obstination mortifère d’aller, en rang dispersé, aux prochaines élections et la démarche salutaire de légalisation et de légitimation de notre parti initiée par les deux tiers des membres du bureau politique, sont votre marque de fabrique éclairée par les appétits voraces de vos acolytes qui préfèrent utiliser les bifurcations et le clivage en vue de parvenir sans gloire à leurs fins. Ce qui, à coup sûr, garantira vos besoins vitaux crépusculaires. Je vous conseille de faire attention à la trahison de celles et ceux qui encouragent votre action de désintégration de l’UDH-YUKI, parce que la traitrise est devenue monnaie courante dans notre parti.

La décision de la participation de l’UDH-YUKI aux prochaines élections législatives et locales ne doit pas être du ressort de quelques individus qui ont montré leurs limites intellectuelles et politiques au sein du bureau politique. C’est un enjeu majeur qui nécessite l’approbation de tous, au cours d’une séance extraordinaire.

Il serait donc très judicieux que vous prenez le courage de tenir une session extraordinaire du bureau politique, ce n’est pas votre bureau politique élargie, comme vous avez pris la vilaine habitude de le faire, mais le bureau politique dans sa totalité, à l’effet de nous développer une intelligence politique qui garantira la cohésion dans nos rangs et la victoire aux échéances électorales futures.

Epargnez-nous la division qui risque de saper les fondements d’unité, encore mal assurés, amorcés par notre Très Regretté Président. Il a semé les graines d’unité des congolais et du changement du dangereux système politique qui gouverne le Congo. A nous donc d’apporter l’eau et le soleil nécessaires en vue de garantir le progrès de leurs germinations.

Il n’est jamais trop tard pour mieux faire.

Fait à Brazzaville, le 1er mars 2022

Le Membre du BED2A,

Jean Médard NKOUKA