Agé de 42 ans, le richissime ex-banquier devient le plus jeune chef de gouvernement de l’histoire contemporaine du Royaume-Uni… et le premier d’origine indienne.
Rishi Sunak est le prochain Premier ministre britannique : l’ex-ministre des Finances a remporté lundi la course à Downing Street, où il succède à l’éphémère Liz Truss, promettant « stabilité et unité » dans un pays en pleine crise économique et politique.
Au cours d’une réunion à huis clos dans la foulée de son succès, l’ex-ministre à la silhouette longiligne et aux costumes toujours impeccables a exhorté les Tories à « s’unir » sous peine de « mourir » à deux ans des prochaines élections législatives, ont rapporté des participants à cette rencontre.
Sa candidature étant la seule à avoir atteint – avec une avance écrasante – le seuil des 100 parrainages de députés de la majorité conservatrice, Rishi Sunak obtient la direction du parti.
Comme les conservateurs sont majoritaires à la chambre des Communes, M. Sunak va être chargé par le roi Charles III de former un nouveau gouvernement, vraisemblablement mardi. Une première pour le nouveau souverain, qui a accédé au trône le 8 septembre avec la mort de sa mère Elizabeth II.
Rassurant pour les marchés
Candidat malheureux cet été contre Liz Truss, Rishi Sunak sera le cinquième Premier ministre depuis le référendum sur le Brexit de 2016, qui a ouvert un long chapitre de turbulences économiques et politiques inédites au Royaume-Uni. Il est le troisième dirigeant du parti en deux mois, une période d’instabilité sans précédent, à la tête d’une majorité en proie à des déchirements après 12 ans au pouvoir.
Son arrivée au pouvoir est « un grand moment » pour les questions de diversité ethnique au Royaume-Uni, a relevé de son côté le politologue Anand Menon sur la BBC, notant « le peu de commentaires » à ce sujet ». « D’une certaine manière, c’est quelque chose que nous avons normalisé ».
Rishi Sunak, un gardien de l’orthodoxie budgétaire, a séduit une grande partie de son camp et va arriver au pouvoir en pleine crise économique et sociale, avec une inflation de plus de 10% et des grèves qui se multiplient.
Lundi, une trentaine de militants écologistes et opposés à la pauvreté énergétique ont brièvement occupé le hall du Parlement pour lui réclamer des taxes sur les bénéfices des entreprises afin d’aider les ménages.
« Personne » n’a voté
La situation n’a cessé de se dégrader ces derniers mois au gré des soubresauts successifs. Elle a été encore aggravée par les errements de Liz Truss qui ont déstabilisé les marchés et fait chuter la livre.
M. Sunak, qui avait étrillé cet été le plan économique de Liz Truss, apparaît comme une figure rassurante pour les marchés, qui ont connu une stabilisation de la livre sterling lundi.
Faute d’être parvenue à recueillir 100 parrainages, son adversaire, la ministre des Relations avec le Parlement Penny Mordaunt, 49 ans, est éliminée.
Les 170.000 membres du Parti conservateur n’ont ainsi pas à être consultés.
« Les Tories ont couronné Rishi Sunak Premier ministre sans qu’il dise le moindre mot sur la manière dont il dirigerait le pays et sans que personne n’ait la moindre chance de voter », a dénoncé Mme Angela Rayner, le numéro deux de l’opposition travailliste. Le Labour, en tête dans les sondages, réclame des élections anticipées.
Dans un spectaculaire retournement, l’ex-Premier ministre Boris Johnson a quant à lui renoncé dimanche soir à se présenter, en raison des divisions au sein de la majorité.
Boris Johnson, 58 ans, s’est néanmoins dit convaincu qu’il aurait eu, s’il avait choisi d’être candidat, « une bonne chance (…) de retourner à Downing Street ». Il avait annoncé sa démission en juillet, acculé par des dizaines de démissions dans son gouvernement, dont celle de M. Sunak.