Réglementer le secteur des mototaxis : un danger pour les populations

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Depuis belle lurette, le circuit du transport urbain au Congo est desservi par des moyens roulants traditionnels connus de tous, il s’agit des bus, minibus et taxis. Mais au jour d’aujourd’hui, un nouveau type de transport s’est rajouté à savoir les mototaxis. Ce type de transport n’a pas toujours fait l’unanimité tant du côté des observateurs avertis de la vie socioéconomique qui pensent, qu’il n’ait pas sécurisant et constitue un danger pour des populations, que des congolais qui le qualifie d’un mal nécessaire dans un pays où le transport est un véritable casse-tête.

Le transport en mototaxis notamment à Brazzaville fait couler beaucoup d’encre et de salive, ce, à cause du comportement non professionnel de ses motocyclistes exposant permanemment ceux qui l’empruntent à l’insécurité routière grandissante. Le spectacle est souvent désolant et hallucinant, où on assiste souvent dans les grandes et petites artères de la capitale, des mototaxis avec à leur bord trois à quatre clients, au lieu de un comme en dispose la place sur la moto. A cela s’ajoute aussi pour la quasi-totalité de ces conducteurs, le non port de casque de protection, et conduisent souvent en vitesse en mettant à sac le code de la route. Ils sont souvent qualifiés par le commun de mortels comme « les champions Paris Dakar ». Mais hélas, certains brazzavillois ne mesurent pas le danger qu’ils courent en empruntant ce type de transport qui, pour eux, l’essentiel est d’arriver à destination au lieu de s’engouffrer dans les embouteillages interminables. « Je pense que les mototaxis sont un mal nécessaire pour nous par exemple qui habitent des périphéries où les bus et les taxis n’arrivent pas. Mais avec la moto, elle me conduit jusqu’au-devant de mon domicile ». Nous a lâchés un habitant du quartier Domaine, interrogé au terminus Mikalou à Talangai.

Par ailleurs, vu tous les risques que couraient au quotidien les populations, les pouvoirs publics ont décidé de mettre fin à ce type de transport qui, selon eux, constituait un danger pour la vie des paisibles populations. Mais depuis lors, ces mototaxis étaient devenues rares dans le périmètre urbain de Brazzaville. Malgré la traque de ces derniers par la police, ils n’ont pas pu céder. Ils ont été qualifiés pour la plupart, ces jeunes motocyclistes, faisant partis des gangs et des écuries connus sous l’appellation des ‘’Arabes’’ et ‘’Américains’’. Ces motocyclistes réunis en majorité au sein d’un collectif ne savaient plus à quel sein se vouer. « Nous étions devenus des esclaves de certains commissaires de police a qui nous devrions déboursé une prime journalière, si non , on pourrait pas travaillé surtout que nous étions en situation irrégulière. Il y arrivait parfois qu’un commissaire a besoin d’une somme de trois cent mille francs CFA la journée, il suffit de mettre ses éléments en mouvement pour lui ramener trente motos et pour les libérer, chacun doit payer dix mille francs CFA. C’était sans nul doute des moments difficiles que nous n’oublierons jamais. Avec la décision du gouvernement de réglementer ce secteur, je suis vraiment ravi et j’en remercie le Premier ministre, Chef du gouvernement » nous a fait savoir un motocycliste que nous avons sur l’Avenue de la paix.

La mesure annoncée mais son effectivité tarde à rentrer en vigueur

Après moult réflexions à propos de la problématique des mototaxis qui était devenue une situation préoccupante pour les pouvoirs publics et malgré les décisions précédentes, il a été finalement annoncé le 7 octobre 2023 au cours du compte rendu du conseil des ministres, la décision de réglementation de ce secteur de mototaxis encore informel. Cette décision gouvernementale a été saluée par le collectif des mototaxis qui, dans la fièvre d’attente de la régularisation de leur situation, essaye d’organiser tant bien que mal ce secteur. « Avec 35 parkings que nous reconnaissons dans la ville de Brazzaville et 3000 motos identifiées, nous pensons que les choses iront mieux avec les pouvoirs publics dans le cadre des mesures d’accompagnement. Par exemple, il y aura un séminaire de formation avec la chambre de commerce pour la maîtrise de la conduite et le respect du code de la route. Au terme de celui-ci, des cartes seront dotées à chacun. Et si vous n’en disposer pas vous n’aurez pas droit à la circulation. Cette formation se fera en partenariat avec le ministère de la jeunesse via le FONEA » a dit monsieur Ondele, président du collectif des mototaxis.

Toutefois le 7 octobre au 7 novembre 2023, ça totalise déjà un mois jour pour jour que la décision de règlementer ce secteur a été annoncée par le gouvernement, mais des décrets d’application tardent à être pris. Avec l’ampleur que ce type de transport prend dans le périmètre urbain de Brazzaville, de Pointe-Noire, de Dolisie et bien d’autres, les pouvoirs publics doivent passer rapidement à l’acte en vue de le recadrer. La crainte de certains observateurs avec cette léthargie gouvernementale est de voir cette décision finir comme une feuille de paille.

Réglementer le secteur des mototaxis : un véritable danger pour les populations

Nous savons tous que la culture des mototaxis n’est pas du tout congolais, mais nous nous efforcions pour s’y adapter. Un véritable parcours du combattant que traversent ces jeunes motocyclistes en conduisant en longueur de journée des clients qui peuvent avec leur non professionnalisme et leur amateurisme abrégés leurs vies. Déjà, il faut le retenir avec le constat de certains observateurs avertis, il ne se passe pas deux jours sans que les urgences du CHUB, de l’hôpital de base de Talangai, de l’hôpital général de Djiri, de l’hôpital de Makélékélé etc. enregistrent des accidentés des mototaxis, soient gravement blessés, soient des corps en dépôt. Par ailleurs, dans des villes comme Brazzaville et Pointe/Noire où des chauffeurs des bus et taxis sont considérés comme des « fous du volant » juste pour leur non-respect du code de la route, ouvriront à nouveau des occasions des multiples accidents avec des motocyclistes qui, eux aussi, roulent à leur guise sur la chaussée. S’ils ne sont que 3000 pour le moment comme évoqué supra avec la réglementation, assurément le nombre va s’accroitre et les différentes chaussées de nos villes seront de plus en plus encombrant, à l’instar de certaines capitales des pays de l’Afrique de l’Ouest où la préférence première est de conduire la moto. Il serait souhaitable pour les pouvoirs publics de chercher à alléger les peines des populations en créant une nouvelle société de transport en public avec celle qui existe déjà afin de résoudre tant soit peu cet épineux problème du transport urbain.

Arsène MINAKA