Les pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Cémac) se penchent sur la réforme du franc CFA. Un colloque de deux jours a réuni des experts de la région à Libreville, au gabon, autour du thème « Monnaie et développement en Afrique centrale ».
Des experts de la monnaie et du développement en Afrique centrale étaient réunis, les 17 et 18 novembre à Libreville, dans le cadre d’un colloque sur le thème « Monnaie et développement ». L’objectif était de proposer aux chefs d’Etat des pistes en vue de réformer ou se dépouiller de la monnaie héritée de l’ère coloniale. Après les pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa), ceux de la Cémac (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Centrafrique et Tchad) ont examiné l’avenir du franc CFA. A l’issue de la discussion, les experts de la région – universitaires, financiers, membres de la société civile-, produiront des propositions aux chefs d’Etat de la Cémac sur l’évolution des relations entre les pays de la région et le franc CFA, ainsi que les conditions et le cadre de la nouvelle coopération monétaire avec la France.
Deux options ont dominé les échanges : se débarrasser du franc CFA en lançant une monnaie régionale à la place ou faire évoluer les principaux mécanismes actuels de la coopération monétaire avec la France, tout en restant lié à cette monnaie héritée de l’ère coloniale. Si des voix s’insurgent contre le franc CFA dont le seul acquis reconnu par presque tout le monde est la stabilité macroéconomique, il semble qu’au niveau de la Cémac, se séparer du franc CFA est loin d’être une priorité, notamment du côté des chefs d’Etat. L’accent est plutôt mis sur les processus à même de faire évoluer les principaux mécanismes encadrant la coopération monétaire entre les deux parties. Les propositions des experts devront tourner autour de l’évolution de la garantie de convertibilité illimitée par la France du franc CFA émis par la Banque des Etats de l’Afrique centrale, la parité fixe du taux de change euro-franc CFA, la centralisation des réserves auprès d’un compte d’opérations ouvert au Trésor français, la gouvernance de la monnaie… Des points qui font débat depuis plusieurs années.
La parité franc CFA-euro, héritée de celle qui liait le franc français au franc CFA, est critiquée par les économistes, qui jugent que l’arrimage du franc CFA, monnaie de pays en développement, à l’euro, monnaie de l’Union européenne, se traduit par sa surévaluation, entraînant une perte de compétitivité des pays de la région avec presque aucune possibilité de jouer sur la variable change. D’autres voix appellent tout simplement à se débarrasser du franc CFA et de créer une nouvelle monnaie régionale à même de soutenir les efforts d’industrialisation de cette région dont presque tous les pays sont producteurs de pétrole, notamment au niveau de la société civile où le sentiment anti-français semble se développer. Mais le statu quo qui prévaut au niveau de l’Uémoa, depuis la décision de sortir du franc CFA et de lancer l’eco, ne devrait pas pousser les décideurs de la région à précipiter la sortie du franc CFA. Le seul point à mettre sur le compte des pays de l’Uémoa est que ceux-ci ne déposent plus leurs réserves aux comptes d’opérations du Trésor français. La Commission de la Cémac va confiner tous les points retenus lors de ce colloque dans un rapport qui sera remis aux chefs d’Etat de la région au cours de leur prochaine réunion.