La République du Congo et le Rwanda ont conclu le 12 avril dernier plusieurs accords dont un portant sur la concession de 12 000 hectares de terres cultivables pendant 25 ans. Le président de la Conférence des présidents des partis membres de l’Alliance pour la République et la démocratie (ARD), Mathias Dzon s’est montré sceptique sur ce partenariat et le juge défavorable au Congo. Il a ainsi adressé une « Lettre ouverte » aux présidents du Sénat et de l’Assemblée Nationale.
La Conférence des présidents de l’Alliance pour la République et la démocratie (ARD), par le truchement de son président Mathias Dzon est revenu ce 26 avril sur la signature d’une séries d’instruments juridiques entre Brazzaville et Kigali, le 12 avril à l’occasion de la visite d’Etat du Président rwandais Paul Kagame en République du Congo.
Dans une correspondance adressée aux présidents des deux chambres du Parlement congolais, le 26 avril dernier, ce groupement de partis politiques d’opposition a exprimé ses « très vives préoccupations » à propos de quatre des huit accords signés par le Congo avec le Rwanda.
Il s’agit notamment de l’accord portant cession de 12 000 hectares des terres congolaises au Fonds souverain du Rwanda, représenté par l’entreprise Chrystal Ventures.
Ces terres permettront au Rwanda de pratiquer l’agriculture et l’élevage dans notre pays.
L’ARD qualifie cet accord de « forfaiture », car, dit-elle, « les biens du domaine public sont inaliénables et incessibles » conformément à la loi fondamentale.
« Le gouvernement congolais vient de céder 12 000 hectares des terres congolaises (soit près de 120 km² du territoire congolais) à l’Etat rwandais, sans autorisation du Parlement, violant ainsi l’article 217 de la Constitution qui dispose : « Le président de la République négocie, signe et ratifie les traités et les accords internationaux. La ratification ne peut intervenir qu’après autorisation du Parlement, notamment en ce qui concerne les accords… qui comportent cession, échange ou adjonction de territoire« », a-t-il rappelé.
En outre, l’ARD s’est dite « effrayée » par la cession de ces terres au Fonds souverain rwandais.
Selon elle, « le Rwanda vient de signer avec la Grande-Bretagne, un accord aux termes desquels, il accueillera tous les indésirables expulsés d’Angleterre, moyennant 150 millions de dollars chaque année pendant 5 ans » avant d’ajouter « Nous craignons que les 12 mille hectares de terres congolaises cédées au Rwanda ne servent de base militaire à des supplétifs de l’armée rwandaise et aux indésirables chassés d’Angleterre. »
L’ARD est convaincue que ce protocole d’accord va mettre à mal la souveraineté de notre pays. Mathias Dzon a ainsi appelé le Sénat et l’Assemblée Nationale à faire preuve de patriotisme devant cette situation.
« Nous interpellons en conséquence, le Parlement congolais, afin qu’il ne ratifie pas cet accord néfaste pour le Congo et son peuple, car, céder une partie des terres congolaises à un pays dont les visées expansionnistes sont avérées, constitue un abandon de la souveraineté nationale », écrit-il.
L’ARD a aussi émis des doutes sur l’accord portant cession de la zone économique spéciale de Maluku à l’entreprise Chrystal Ventures ; l’accord portant exploitation minière et l’accord de défense entre le Congo et le Rwanda.
Pour leur part, peu avant la signature de ces accords, le 27 juillet dernier, le gouvernement congolais et la partie rwandaise relevaient le bien fondé de ce partenariat bilatéral.
Le diplomate rwandais au Congo, Théoneste Mutsindashyaka avait garanti que son pays, exportateur du thé, du café et du manioc entend partager son expérience avec le Congo.
« Le Rwanda veut travailler avec le Congo pour le développement de l’agriculture. Nous avons une expérience que nous voulons partager avec le Congo », avait-il souligné.
De son côté, l’exécutif par le biais du ministre d’Etat, en charge des Affaires foncières et du domaine public, Pierre Mabiala avait dit y voir une opportunité pour l’emploi des congolais.
« Nous allons travailler avec le Rwanda pour développer l’agriculture et l’élevage. Il y aura de l’emploi parce que ces deux filières utilisent plus les jeunes désœuvrés », affirmait-il.