Situé dans le département des Plateaux, le CEG Essou Ngafoula du village Ntsa est dans un état lamentable. Cet établissement public manque de tout, personnel enseignant, toitures envolées, portes en tôles, insuffisance de tables bancs, prise en charge des enseignants volontaires. Une école totalement délaissée par l’Etat qui n’a qu’un enseignant titulaire et deux appelés volontaires à la charge des parents d’élèves.
La centaine d‘élèves du CEG Essou Ngafoula étudient dans des conditions déplorables et misérables, même le minimum qui leur est disponible laisse à désirer. Comme dans d’autres parties du pays, les enseignants de cet établissement public sont obligés d’enseigner deux matières à leurs élèves afin qu’ils reçoivent l’essentiel.
Par exemple, le directeur de ce CEG, Mboungou Auguste, unique enseignant titulaire, est celui qui dispense les cours de Mathématiques et Physique-chimie alors qu’un autre, est chargé d’Histoire-Géographie et Sciences de la vie de la terre et le troisième les cours de Français. Ces élèves ne reçoivent pas de cours d’Anglais. Chaque élève a l’obligation de se debrouiller comme un beau diable au BEPC. Il n’y a aucun enseignant qualifié pour cette matière. A entendre monsieur Ondzibi, enseignant appelé volontaire, le directeur du CEG donne quelques tactiques aux enfants pour pouvoir s’en sortir en Anglais. L’année dernière, comme par miracle 39 élèves ont été déclarés admis au BEPC sur 55 présentés. Le bon Dieu fait grâce.
Ce sont les parents d’élèves qui se chargent de la rémunération du personnel enseignant, l’Etat étant démissionnaire. Mais, un payement mensuel compliqué à cause du manque d’argent de certains parents d’élèves dans l’incapacité d’assurer cette responsabilité.
Le directeur de cet établissement Mboungou Auguste est le témoin de ce triste sort. Il est semblable à l’enseignant optimiste, une histoire du livre horizon d’Afrique du primaire. « C’est vrai, la nation est en difficulté sur la donne des enseignants. Le perdiem vient à pas de caméléon et c’est notre grande difficulté.
A l’endroit des autorités, je puis dire qu’ils soutiennent les structures qui sont dans les villages dans le bon sens, c’est-à-dire les finalistes qui arrivent, ils peuvent se rendre dans la localité mais s’ils n’ont pas des moyens comment vont-ils vivre» ? a déclaré le directeur du CEG Essou Ngafoula.
Il déplore également l’absence du préscolaire dans la mesure où, il considère que ce cycle est comme le début d’une bonne base de l’éducation pour l’ensemble des pré-requis qu’on apprend aux enfants.
L’Etat est en partie responsable du déficit en personnel enseignant. Il ne respecte pas ses engagements. Lorsqu’ il envoie les enseignants dans les villages, il les abandonne à leur triste sort dans des zones où ils ne connaissent personne. Ventre affamé n’a point d’oreilles, comment voulez-vous que ces derniers poursuivent avec les cours ? L’éducation est un secteur capital et prioritaire, l’Etat a largement la capacité d’accompagner les enseignants volontaires. Le personnel enseignant, il y en a à foison au Congo. Chaque année à l’Ecole normale supérieure, des futurs enseignants sont formés. L’unique et épineux problème est celui d’assurer à ces derniers leur gain.
Cette école publique devrait être rénovée et d’ailleurs tous les établissements publics de l’arrière-pays le méritent. Avec des salles de classe dépourvues de tables bancs, pour éviter que les apprenants se mettent par terre, ils ont usés d’une stratégie qui consiste à déporter les élèves dans les salles équipées.
Dans un pays doté d’une riche couverture en forêt, environ 20 millions d’hectares à travers le territoire national, l’on est incapable de disposer de mobilier scolaire pour les apprenants. Manque de volonté ou de stratégie ?
En 2021, c’est regrettable qu’une école soit dans cet état.
Espérons qu’avec le PASSE (programme d’appui à la mise en œuvre de la stratégie sectorielle de l’éducation), cette école et d’autres d’ailleurs bénéficieront de ce programme et revêtiront leur plus belle parure.