Lycée d’excellence d’Oyo : Les élèves dénoncent des conditions d’apprentissage entre prison et « école d’élite »

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Pour de nombreux élèves congolais hors classes d’examen, c’est déjà le temps des vacances. Pour les élèves du Lycée d’excellence d’Oyo qui ont regagné leurs familles à travers la république et notamment à Brazzaville, le départ en vacance a été vécu avec soulagement, comme des bagnards en fin de peine. Les parents ayant accueilli leurs enfants en ont eu pour un réel effet de choc, au vue des silhouettes faméliques, au point qu’ils ont tenu une réunion d’urgence ce lundi, pour interpeller les autorités compétentes sur des faits de maltraitances unanimement relevés par les élèves auprès de leurs parents. Ces élèves soumis au mutisme pendant l’année scolaire, au point que les parents méconnaissaient leurs conditions de vie, refusent presque tous de repartir vers l’enfer, pour la prochaine rentrée scolaire.

Le 20 juin 2022, les élèves du Lycée d’excellence d’Oyo ont au terme de l’année scolaire, retrouvé leurs familles respectives, à l’exception de ceux de la troisième, en attente de l’examen sanctionnant la fin des études secondaires du premier cycle.

Mais quelle n’a pas été la surprise des parents massés dans l’enceinte de l’Institut National de Recherche et d’Action Pédagogique (INRAP), à Brazzaville dont nombre ont fondu en larme à la vue des silhouettes efflanquées et faméliques majoritairement couvertes de teignes et de gale qui sont sorties des bus affrétés pour la circonstance.

La rumeur d’une maltraitance avérée a tôt fait de gagner la foule et certains parents se sont risqués d’avancer que des faiblesses auraient antérieurement été épinglées dans la prise en charge des enfants, seulement l’année 2022 aura été celle des pires travers et pour tout dire celle de la mort. Le comité de parents d’élèves du Lycée d’excellence d’Oyo à Brazzaville a de suite émis un avis de réunion pour le 26 juin.

À l’occasion de cette assemblée générale tenue le jour convenu, à la commune de Moungali, un constat accablant sur la prise en charge déficiente des enfants a été dressé. Il a ainsi été fait mention des maltraitances en tout genre, laissant croire que l’univers carcéral s’était invité à l’école et pas n’importe laquelle, un lycée d’excellence, ce en dépit d’énormes moyens financiers consentis par l’État.

C’est ainsi qu’il a été rapporté au cours de cette réunion qu’au gré d’un surpresseur défaillant, les enfants consommeraient une eau infecte et insalubre, tirée d’un réservoir souterrain mal tenu. Ils seraient à deux dans un lit d’une place. Certains dormiraient à même le sol et dans tous les cas sans drap ni moustiquaire et sous une nuée de moustiques.

Dans l’établissement, il n’y aurait que cinq toilettes fonctionnelles sur sept, pour plus d’une centaine d’élèves et que ces lieux d’aisance bouchés et hors d’usage auraient favorisé l’émergence d’une épidémie de gale et autres mycoses dont la quasi-totalité des élèves seraient couverts.

La distribution du savon ne s’est pas faite plus de trois fois toute l’année. La cuisine serait médiocre, la ration alimentaire réduite à une portion congrue et les repas peu variés.

En marge de ces conditions de vie déjà biens spartiates, les parents n’ont pas passé sous silence le défaut d’infirmerie qui confèrerait des compétences médicales improvisées au personnel administratif, ouvrant ainsi la porte à l’automédication et mettant de facto la vie des enfants en danger.

Le chapelet des griefs a été si bien égrainé qu’au plan pédagogique, il a été déploré l’absence des ordinateurs, de la connexion internet, d’une bibliothèque adaptée aux programmes d’études.

Cette complainte des parents d’élèves ne serait pas exhaustive, si l’on omettait le profil du personnel enseignant, au dire des mêmes parents plutôt fait de bénévoles et d’autres prestataires non aguerris que des professionnels chevronnés et émérites, triés sur le volet pour soutenir l’excellence et l’éclosion d’une nouvelle l’élite. Car faut-il l’admettre l’excellence ne vient que des meilleurs qui donnent le meilleur d’eux-mêmes, plutôt que des médiocres qui donneraient le meilleur de leur médiocrité. Mais, c’est peu dire des enseignants que du personnel d’encadrement dont l’incurie serait sans commune mesure. Car comment comprendre que le staff de l’école ait pu se donner pour prébende la bourse d’internat, au point de priver les légitimes bénéficiaires du strict minimum, les contraignant à la précarité et conduisant certains enfants à la pratique de l’usure en matière alimentaire, un pain prêté le soir en valant deux le lendemain.

Les crédits pourtant conséquents octroyés par l’Etat se seraient ainsi impunément évanouis entre les mains de certains fonctionnaires, au grand dam de l’ambition du chef de l’Etat, de donner une nouvelle impulsion à la formation, par la promotion de l’excellence.

Le ministre de tutelle alerté par les parents, s’était prestement rendu sur les lieux peu avant les vacances. Il s’y serait évertué à réparer des malheurs qu’il n’a point causés, brisant au passage l’omerta imposée aux élèves par le staff de l’école, attaché à faire peser une chape de plomb sur des enfants dont les plus âgé sont inscrits en classe de seconde. Il en serait sorti avec la preuve que l’équipe de maitrise de ce lycée d’excellence a parfaitement perdu la main et qu’il y avait lieu d’en tirer toutes les conséquences.

Les parents d’élèves se sont par ailleurs étonnés que tous les enfants partis les valises pleines fussent de retour en guenilles, les valises vides. Une pratique qui tendrait à se perpétuer année après année, de quoi se demander où vont donc tous ces vêtements neufs, dont on déplore la perte dès le premier mois ? Le service de buanderie ferait-il preuve de truanderie ?

Au nombre des exigences formulées par les parents figure, au risque d’un retrait pour cause de maltraitance des élèves à la prochaine rentrée scolaire, la demande d’accès sans restriction du bureau des parents d’élèves aux installations du lycée d’excellence d’Oyo, l’amélioration des conditions de séjour et d’apprentissage jugées scandaleuses et à tout point contraires aux bonnes pratiques observées au lycée d’excellence de Dolisie.

Enfin, le bureau des parents d’élèves s’est vu confié la tâche de poursuivre la négociation avec le ministère de tutelle, particulièrement attentif aux sollicitations des parents.

Un nouveau rendez-vous des parents d’élèves a été programmé aux fins d’une constatation des améliorations attendues, de l’organisation d’une fête de fin d’année en l’honneur des élèves et de la projection d’autres actions, le cas échéant.

Pourvu que les enfants qui vivent un traumatisme qui s’est installé en eux, retrouvent à la rentrée prochaine, un établissement qui comblera leurs attentes, celles de leurs parents, des autorités et surtout de la Nations qui investi pour leur avenir et leur devenir.

Ce faisant, le Lycée d’excellence aura retrouvé les chemins de l’excellence à laquelle le Président de la République tient tant, à travers cette formation de l’élite.

(Avec lesechos-congobrazza.com)