Les souvenirs de la musique congolaise : naissance de l’orchestre Tembo

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L’orchestre Tembo (mot kongo qui signifie en français le vent ou la tempête) fut créé par Daniel Loubelo dit De la lune et Ganga Edo, au lendemain des événements des 13, 14 et 15 août 1963, marquant la fin du régime de l’abbé Fulbert Youlou. Appelé « orchestre révolutionnaire », Tembo chantait et glorifiait les bienfaits de la révolution congolaise avant de se disloquer en 1967.

Les événements des 13,14 et 15 août 1963 qui se produisirent au Congo Brazzaville marquèrent la fin du régime de l’abbé Fulbert Youlou.  A la suite, les relations diplomatiques entre les deux Congo se dégradent, les deux pays n’ayant pas les mêmes convictions idéologiques et politiques car l’un prône le socialisme scientifique et l’autre le capitalisme. Un climat malsain règne entre eux, fait d’invectives, de menaces d’attaque. Le Congo Kinshasa menaçant d’envahir le Congo-Brazzaville  « qui est une petite commune de Léopoldville, selon les dires et les menaces de Moïse Tchombé, Premier ministre du gouvernement de l’époque en République démocratique du Congo » et qui avait des relations particulières avec l’abbé Fulbert Youlou qui venait d’être évincé.

Ce climat de tension ayant atteint son paroxysme vers la fin de l’année 1964, Moïse Tchombé, personnage imbu d’orgueil, fait pousser sa xénophobie envers les Congolais originaires de Brazzaville vivant à Kinshasa et décida de les expulser.

Edo Ganga et Daniel Loubelo De la lune, originaires du Congo Brazzaville qui évoluaient dans l’Ok Jazz et d’autres compatriotes, n’échappèrent pas à la décision prise et furent eux aussi rapatriés au Congo.

Grâce au soutien et à l’appui de certains ténors de la Jeunesse du Mouvement national de la révolution, Daniel Loubelo De la lune et Ganga Edo créent l’orchestre Tembo.  Du matériel flambant neuf leur est octroyé par l’Etat. Tembo, dénomination tendancieuse et provocatrice, est pour certains ce vent violent qui arrive pour souffler, déraciner ou mettre hors d’état de nuire tous ceux qui s’apposeront à son évolution sur la scène musicale congolaise. Pour d’autres, Tembo veut dire « tempête pour embaumer les opposants ».

Peu avant sa sortie officielle, le commun des mortels se souviendra d’un jour où Daniel Loubelo, homme de défis et téméraire, de retour de Bruxelles, en Belgique, où il était allé négocier l’achat des instruments, fit une tournée triomphale sur les grandes avenues de Brazzaville à bord d’un bus (que l’on appelait ‘’Sata’’ à l’époque), brandissant au public une guitare à douze cordes, pour annoncer l’arrivée de l’orchestre Tembo sur la scène musicale congolaise. Le nom Tembo était sur les lèvres de tous les Congolais, y compris les médias qui en avaient fait un large écho. (A suivre)