Le pape François entame ce dimanche 24 juillet une visite très attendue au Canada jusqu’au 30 juillet. Il devrait à nouveau demander pardon aux populations autochtones pour les mauvais traitements subis dans des pensionnats gérés en majorité par des congrégations catholiques.
C’est la quatrième fois qu’un pape se déplace au Canada, mais c’est la première fois qu’il le fait pour présenter ses excuses. Toujours affaibli par des douleurs au genou, le souverain pontife entamera sa tournée canadienne par trois jours en Alberta, où il doit atterrir ce dimanche à 17h20 TU. Il se rendra ensuite à Québec puis à Iqaluit, dans l’archipel arctique.
François a annoncé un « pèlerinage pénitentiel » pour « rencontrer et embrasser les peuples autochtones ». Entre la fin du XIXe siècle et les années 1990, quelque 150 000 enfants autochtones ont été enrôlés de force dans plus de 130 pensionnats, subventionnés par l’État, mais administrés en majorité par l’Église catholique. Ils y ont été coupés de leur famille, de leur langue et de leur culture et souvent victimes de violences, parfois sexuelles. Le but à l’époque, de concert avec les autorités canadiennes qui souhaitaient récupérer les terres des autochtones, était d’arracher les enfants à leurs parents, de « tuer l’Indien dans le cœur des enfants », et d’en faire de « bons petits Canadiens ».
usqu’à 6 000 enfants y laisseront la vie. « La plupart des enfants décédés sont morts de maladie épidémique. Dans un des pensionnats, jusqu’à 69% des enfants mouraient », précise Marie-Pierre Bousquet, professeure en anthropologie, directrice du programme en études autochtones à l’Université de Montréal.
Un « génocide culturel » selon une commission d’enquête nationale, dans un pays où la découverte l’année dernière de plus de 1 300 sépultures anonymes près des pensionnats de Kamloops et de Marieval, dans l’ouest du pays, a créé une onde de choc et incité les autorités à déclarer une « Journée de la réconciliation ».
Un immense espoir
Début avril, le pape avait reçu au Vatican des délégations d’Amérindiens, d’Inuits et de Métis canadiens à qui il avait pour la première fois demandé pardon au nom de l’institution catholique. Mais des milliers d’entre eux attendent désormais qu’il renouvelle sa demande de pardon sur le sol canadien, où cette visite – qui a pour devise « Marcher ensemble » – suscite un immense espoir. « Le plus important est ce qui va se passer dans le cœur des survivants, et en termes de sensibilisation pour le reste des citoyens », pointe Marie-Pierre Bousquet.
Ce « pèlerinage pénitentiel » débutera lundi par une étape à Maskwacis, à une centaine de kilomètres au sud d’Edmonton, où François rencontrera une première fois des peuples autochtones. Mardi, le souverain pontife célèbrera une messe dans un stade de 60 000 places à Edmonton avant de se rendre au lac Sainte-Anne, site d’un important pèlerinage annuel. Il rejoindra ensuite Québec du 27 au 29 juillet, où il rencontrera le Premier ministre Justin Trudeau et célèbrera une messe au Sanctuaire national de Sainte-Anne-de-Beaupré, l’un des principaux lieux de pèlerinage d’Amérique du Nord.
Le 29 juillet, le jésuite argentin se rendra à Iqaluit (Nunavut), ville du grand Nord canadien qui regroupe le plus grand nombre d’Inuits du pays, où il rencontrera des anciens élèves de pensionnats, avant de repartir à Rome.
( AFP)