L’affaire de la redevance audiovisuelle fait couler beaucoup d’encres et de salives dans le milieu de la presse congolaise. Depuis la nuit la nuit des temps, cette Rav qui devrait faciliter l’installation de la démocratie par une presse libre et indépendante est devenue sujet à problèmes auprès de ceux qui sont destinés à la gérer. Cette RAV, disons-le n’arrive pas auprès des destinataires légaux, mais au contraire permet à enrichir certains gouvernants véreux sans pitié au nom de l’impunité. Le dernier décaissement en est une illustration et une frustration chez les professionnels des médias. Pour y mettre un terme, à ces pratiques macabres, l’Association des Editeurs de Presse du Congo (AEPC) à travers une note de position déposée à notre rédaction fait certaines propositions afin de sortir de cette crise de conscience qui retarderait l’évolution ou encore l’éclosion de ladite presse.
Note de position de l’Association des Editeurs de Presse du Congo (AEPC) sur la Redevance audiovisuelle
Vingt ans après l’instauration de la Redevance audiovisuelle en République du Congo par la loi n°16-2001 du 31décembre 2001, la question de la taxe audiovisuelle suggérée par l’Association congolaise pour la défense des droits du consommateur est encore sujette à controverse. Cette seule source de financement des médias autorisée par la loi, qui est en voie d’être reformée par le gouvernement pour l’élargir à toute la presse officiellement reconnue sur l’ensemble du territoire national, est gérée, depuis sa création, dans une totale opacité.
Malgré toutes les propositions judicieuses faites sur la RAV, lors des Assises de la presse congolaise qui se sont tenues à Brazzaville en octobre 2018 et postérieurement, par les professionnels des médias et les associations de la société civile qui les accompagnent, des entraves empiètent encore une utilisation rationnelle des revenues de cette taxe. La première répartition de cette redevance, cette année, d’une centaine de millions de FCFA, provenant de la contribution des citoyens pour améliorer la qualité des médias en a été une illustration supplémentaire.
C’est à ce titre que, pour accroître la transparence dans le processus de la répartition de la RAV, l’Association des Editeurs de Presse du Congo sollicite :
– du Gouvernement de diligenter l’installation de la commission tripartite (Ministère de la communication et des médias, Conseil supérieur de la liberté de communication, organisations de la société civile œuvrant dans le domaine des médias) chargée de reformuler les textes de la Redevance audiovisuelle.
– du Parlement d’user du contrôle parlementaire pour faire aboutir rapidement la reforme de cette taxe
– de l’Inspection du Contrôle d’Etat pour une saisine sur cette répartition des fonds auprès des organes publics pour en vérifier la sincérité et l’absence d’éventuelles malversations de l’argent des citoyens congolais
– de la société civile, particulièrement l’Association congolaise pour la défense des droits du consommateur, de dénoncer et de se rétracter de cette loi sur la Redevance audiovisuelle, dans le cas où elle se suivrait plus son ambition d’origine d’améliorer la qualité des médias congolais.
– des professionnels des médias une vigilance accrue pour veiller à l’aboutissement de la reformulation de la RAV pour améliorer la qualité de l’information offerte aux citoyens qui en payent le prix, dans tous les médias répondant aux conditions.
L’Association des éditeurs de presse du Congo félicite les professionnels des médias pour les progrès accomplis, ces dernières années, qui ont conduit Reporters Sans Frontières (RSF) de reconsidérer la position de République du Congo en la faisant passer de la 118e place à la 93e de son classement international. Ces 25 places de gagner, certes encore modeste et qu’il nous faudrait encore améliorer, sont les résultats palpables de nos Assises de la presse congolaise.
Par Jean Clotaire Yimbou