L’État congolais doit encore 349 millions de dollars au trader suisse. Mais ses marges de manœuvre sont réduites.
Les relations entre le Congo et le trader pétrolier suisse Glencore, plus gros porteur de la dette commerciale du pays, se tendent. En cause : le négociant veut apurer au plus vite sa créance, estimée à 349 millions de dollars aujourd’hui. La tâche ne sera pas aisée tant Glencore irrite à Brazzaville, jusqu’au sein du palais présidentiel. Contacté, le trader fait valoir que les deux parties ont eu plusieurs rencontres productives et avancent pour conclure un accord avant la fin de l’année.
Jusqu’ici, un échéancier avait été établi sur douze ans pour une dette estimée entre 850 millions et 1 milliard de dollars. Fin septembre, le trader a déclaré un défaut de paiement, sans même prendre la peine d’en informer au préalable Brazzaville. Le Congo a pourtant déjà remboursé plus de la moitié de sa dette en moins de trois ans.
Afin de trouver une solution au plus vite, le ministre de l’énergie et des hydrocarbures, Bruno Jean-Richard Itoua, et son collègue à l’économie et aux finances, Jean-Baptiste Ondaye, sont en discussion avec Glencore. Les marges de manœuvre sont toutefois réduites : le pays, qui produit actuellement environ 260 000 barils par jour, a déjà gagé 100 cargaisons auprès de ses créanciers sur les 135 enlevées chaque année.
Production en décroissance
Glencore n’est pas le seul trader à qui le pays doit encore rembourser d’importantes sommes : selon le Fonds monétaire international (FMI), qui mène un programme de réforme économique avec le pays pétrolier d’Afrique centrale, Trafigura détient une créance d’au moins 210 millions de dollars.
La dette due à Glencore et Trafigura a atteint il y a quelques années jusqu’à 1,7 milliard de dollars. Malgré les efforts du Congo, la trajectoire de remboursement devient difficile à établir du fait d’une production en décroissance. Les pointes à quasiment 300 000 barils par jour, atteintes lors du lancement du projet géant de Moho Nord de TotalEnergies en 2017, sont désormais hors de portée et aucun gisement n’est aujourd’hui capable de remettre le Congo à ce niveau de débit. Le directeur général de la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC), Raoul Ominga, remue ciel et terre pour obtenir de nouveaux préfinancements des traders pétroliers en échange de brut : 1,5 milliard de dollars seraient nécessaires pour gérer les dépenses courantes et 500 millions pour rembourser Glencore et Trafigura