Haïti: les funérailles du président Jovenel Moïse dans l’émotion et sur fond de tension

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Ce vendredi 23 juillet, Haïti a enterré son président Jovenel Moïse, assassiné le 7 juillet dernier à son domicile. Les funérailles ont eu lieu à Cap-Haïtien, dans le nord du pays d’où il était natif, en présence de ministres, de politiques et de diplomates, dans une atmosphère tendue.

Un hommage solennel a été rendu ce vendredi à Cap-Haïtien à Jovenel Moïse, dans la résidence familiale. Le cercueil de Jovenel Moïse, recouvert du drapeau national et de l’écharpe présidentielle, était exposé sur une esplanade, ornée de fleurs. La dépouille était gardée par des soldats des forces armées d’Haïti.

La sœur du président, très affectée, un de ses fils et sa veuve Martine Moïse ont tour à tour pris la parole. Le bras en écharpe après avoir été gravement blessée dans l’attaque qui a coûté la vie à son mari, Martine Moïse s’est inclinée devant le cercueil de celui-ci. Et elle n’a pas mâché ses mots. « On a comploté contre toi, te condamnant à mourir dans la barbarie et la cruauté, toi toujours si loyal envers eux, tu as été abandonné et trahi », a-t-elle dénoncé. 

« Quel crime as-tu commis pour mériter un tel châtiment ? », a-t-elle encore demandé. « Il connaissait bien les vices de ce système pourri et injuste », a affirmé l’épouse en deuil, coiffée d’un chapeau noir, « ce système auquel peu avant lui ont voulu s’attaquer ». « Il s’est retrouvé du jour au lendemain avec tout le système en bloc, en face de lui », a-t-elle poursuivi, ajoutant toutefois ne vouloir « ni vengeance, ni violence ».

Le père Robès Charles, le célébrant principal, s’est aussi interrogé sur l’état du pays : « Y a-t-il encore des hommes et des femmes dans les pays capables de défier la complicité des forces, et pourtant, qui ont conduit à la ruine du pays. »

Des représentants de délégations étrangères, du corps diplomatique et les membres du gouvernement s’étaient succédé auparavant pour présenter leurs condoléances au président assassiné. Le président américain Joe Biden a envoyé une délégation menée par Linda Thomas-Greenfield, l’ambassadrice des États-Unis à l’ONU, comptant également Daniel Foote, le nouvel émissaire américain pour Haïti. Ils ne se sont pas éternisés.

La cérémonie a été ponctuée de cris de colère accusant la police de ne pas avoir protégé le président. La police qui a utilisé des gaz lacrymogènes contre les manifestants près du lieu des funérailles, où des pillages de magasins ont également été signalés. 

Donald Germéus, le correspondant de Radio Télévision Caraïbes, raconte :

Il y a des supporters, des fanatiques du président qui étaient chauffés à blanc, surtout à cause de la présence de certaines autorités. Et lorsque le directeur général de la police nationale [Léon Charles] est arrivé, les gens étaient vraiment furieux. Ils ont lancé des invectives, des propos injurieux à l’égard de Léon Charles pendant toute la cérémonie. Et ils ont même commis de s’attaquer au DG. Pendant même les funérailles, on a entendu des tirs dans les barrages, et la police a même du faire usage de gaz lacrymogènes. Une partie des autorités ont même laissé les funérailles avant même leur fin. La délégation américaine et la délégation canadienne notamment. Après les funérailles, les partisans de Jovenel Moïse étaient vraiment sur le pied de guerre, et des scènes de pillage ont été enregistrées. Ils ont pillé des magasins appartenant à des gens (…) de la capitale. Des magasins qui se trouvent non loin de l’habitation de Jovenel Moïse