Six mois après l’invasion russe en Ukraine, Kiev aligne les cadavres de chars russes et l’UE promet un engagement long aux côtés des Ukrainiens. Et du côté de ceux qui n’ont pas condamné l’invasion Russe, il y a la Chine, une « amitié solide comme un roc », selon la diplomatie chinoise. Le président chinois pourrait même retrouver Vladimir Poutine en Indonésie cet automne pour le G20.
Ce qui serait la première sortie du pays pour Xi Jinping en près de trois ans de Covid-19 n’a pas encore été officiellement confirmée. L’invitation a en tout cas bel et bien été lancée à Pékin fin juillet par le président indonésien.
Si Xi Jinping se rend à Bali en novembre, il retrouvera son homologue russe Vladimir Poutine, même si la photo ne sera pas exactement là même qu’en février dernier, quand la Chine cherchait à rompre son relatif isolement lié au boycott de la cérémonie d’ouverture des JO d’hiver par les Occidentaux.
Manœuvres conjointes
Mais après six mois de guerre en Ukraine, la dépendance de l’économie russe au marché chinois – certains parlent de « vassalisation » – s’est accentuée. Les importations chinoises de pétrole et de gaz russes ont encore augmenté cet été et Moscou multiplie les occasions de s’afficher avec la deuxième puissance mondiale. Côté chinois, la propagande est moins revenue ces derniers temps sur « l’amitié » sino-russe, et ces relations qualifiées de « sans précédent » par Vladimir Poutine cet hiver avant de lâcher ses chars sur l’Ukraine.
Mais dans le contexte des tensions autour de Taïwan, la Chine a besoin de l’allié russe afin de contrer ce qu’elle considère comme un encerclement stratégique par les États-Unis et leurs alliés en Asie-Pacifique. Les armées russe et chinoise multiplient les démonstrations de force en commun, les états-majors se retrouveront comme chaque année lors des exercices militaires russes de « Vostok », ainsi qu’au sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai en Ouzbékistan en septembre.
Nouvel ordre mondial
En six mois de guerre, le soutien chinois à la Russie s’est affirmé. Dans les mots, on est passé du « ni, ni » de Pékin sur la question ukrainienne à la défense du « droit à la sécurité de la Russie », avec une relation étroite au plus haut sommet de l’État.
Xi Jinping, qui devrait être prolongé à la tête du parti communiste chinois lors du 20e congrès du PCC cet automne, connait bien son homologue russe. Les deux hommes se sont vu une vingtaine de fois en tête-à-tête. Ils partagent les mêmes ambitions et une vision identique des questions de sécurité, alors que les idéologues chinois et russes discourent de concert sur la « renaissance » et la puissance retrouvée de la nation, arborent d’une même voix les « médias libres » et ne manquent pas une occasion d’appeler à la mise en place d’un « nouvel ordre mondial ».
Un front uni contre ce que Pékin et Moscou qualifient de « monde unipolaire », que Xi Jinping et Vladimir Poutine devraient de nouveau s’afficher au prochain G20.