Confidences de Marcel Ntsourou (part I)

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Le colonel Marcel Ntsourou est décédé ce matin à la maison d’arrêt de Brazzaville. Il avait été condamné en 2014 à une peine de travaux forcés à perpétuité. L’ancien commandant en second du Conseil national de sécurité (CNS) n’aura donc survécu qu’un peu plus de deux ans à sa condamnation. Il est décédé dans la matinée, aux environs de 11 heures, après un malaise signalé par son co-détenu et neveu, Franck Mbani. Transféré à l’hôpital central des armées Pierre Mobengo, il y a été déclaré mort peu après, selon une déclaration du procureur de la République, André Gakala Oko, qui a ordonné l’ouverture d’une enquête de la police judiciaire sur le décès.

VOICI CES CONFIDENCES AVANT SON ARRESTATION

Un poste de police vétuste à l’entrée, des champs de légumes qui poussent jouxtant des immondices où sont déversées chaque matin les excréments des détenus vidés des fosses septiques. Une cour gagnée par la poussée des herbes (les matiti), légèrement à gauche un portail menant au palais de justice, un grand bâtiment en étage plus ou moins délabré où se confondent geôles, et bureau de l’administration pénitentiaire, nous sommes bien à la maison d’arrêt de Brazzaville.

Le personnage célèbre qui nous reçoit est bel et bien Marcel Ntsourou. Taille moyenne, un teint du genre « bois noir », de légères balafres tékés côtoyant une légère calvitie, bien mis dans une tenue de sport rehaussée par des paires de basket, Marcel Ntsourou s’explique et nous fait des confidences.

A priori, la maxime chère aux soldats selon laquelle :’’le militaire doit toujours avoir le moral haut’’ semble être la pensée qui le fortifie puisque l’homme a un moral d’acier. Et manifestement, après une année d’incarcération le Colonel Marcel Ntsourou n’a pas désarmé et semble toujours réclamer le grade de Général, il pense qu’il le mérite et ne se gêne pas de le dire. Ainsi, avant même que nous nous installons, la soif de tout savoir nous pousse à lui demander de nous expliquer le climat qui régnait entre lui et certaines autorités avant le drame du 4 mars, particulièrement avec son chef hiérarchique ,le contre amiral Jean Dominique Okemba, au CNS et Jean François Ndenguet le DGPN.

Bien avant la tragédie de Mpila, des semaines durant, Ntsourou et Okemba étaient en froid, et pour cause, l’inaccessibilité de Ntsourou au grade de général et ce, en dépit de l’assurance de Okemba à Ntsourou d’avoir inscrit son nom sur la liste des promus, liste qu’il aurait remis au Chef de l’État. Malheureusement, lors de la publication des noms des nouveaux généraux avant le 4 mars, Ntsourou n’est pas nommé et Okemba lui se trouve en voyage.

A son retour au pays Okemba jure au nom du Grand Architecte de l’univers de l’Univers qu’il n’y est pour rien, la proposition ayant été faite au président de la république qui en a jugé autrement pour des raisons dont lui connait. Ntsourou continue à se sentir brimé, d’autant plus qu’il attend cette promotion depuis des années.

CONFLIT PROTOCOLAIRE

Au sommet du haut commandement militaire se trouve la plus haute instance dénommée le Conseil national de Sécurité qui gère la politique de sécurité nationale du chef de l’Etat et dirige les comités de défense. Tout le haut commandement militaire et les composantes de la force publique entendu par là, la Gendarmerie, la police nationale et les forces Armées rendent compte directement à cette institution (C NS).

Denis Sassous NGuesso en est le président et Okemba le secrétaire général, Marcel Ntsourou en était le secrétaire général adjoint. A noter que le poste de secrétaire général du CNS a pour rang et prérogatives de ministre d’État et évidemment celui du secrétaire général adjoint a pour rang et prérogatives de ministre. A cet égard, une question toute évidente se pose :Si Okemba est perçu comme étant l’homme le plus puissant du Congo après Sassou Nguesso,Ntsourou son adjoint était il de moindre importance ? Comment voulez vous donc que ce dernier, protocolairement au dessus d’autres généraux puisse demeurer colonel, lui un ancien gouverneur civil et militaire de la capitale économique.

Cette situation ne pouvait que créer un conflit protocolaire, voire une difficulté pour Ntsourou à commander des généraux. Renseignez vous auprès d’un bon administrateur militaire, il ne vous dira que rien que les postes de la force publique comme ceux de directeurs généraux ou départementaux devraient être tous occupés par des généraux. S’il est recommandé que les directeurs soient des généraux, à fortiori un secrétaire général adjoint du CNS, une institution à laquelle toute la force publique rend compte.

Réalisez-vous combien c’était pénible pour Ntsourou de donner des ordres et confier des missions à des officiers supérieurs qui du point de vue galon étaient plus élevés que lui et inversement ces derniers d’obéir aux ordres venant d’un colonel ? Sur ces entrefaites, il faillait à Marcel Ntsourou ce grade qui lui aurait permis d’intégrer réellement son rang au sein des services, le contraire présagerait une trahison. Comment pouvait il alors se sentir dans son assiette sans ce grade et vivre en pais avec un tel conflit protocolaire ?

Voilà pourquoi, juste avant la tragédie de Mpila,ce colonel aujourd’hui écroué à la maison d’arrêt de Brazzaville n’avait presque plus le cœur à l’ouvrage, de l’avis de ses proches il projetait même une démission. Par ailleurs, les communications téléphoniques entre lui et son chef hiérarchique se faisaient de plus en plus rares…..A suivre ( Mise en garde de Marcel Ntsourou à Jean François Ndenguet à propos de Okombi Salissa)

Par Guy Milex Mbonzi