Chine: une ouverture des frontières post-Covid-19 diversement appréciée

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La Chine autorise, à compter de ce dimanche 8 janvier, ses ressortissants à voyager à l’étranger. Une première en près de trois ans, alors que le pays croule sous les contaminations au Covid-19. À Hong Kong, si les choses se sont passées dans le calme, la nouvelle situation a cependant poussé de nombreux pays, dont les États-Unis, à instaurer des tests PCR pour les voyageurs en provenance de Chine. Pour de nombreuses raisons, l’inquiétude demeure.  

À Hong Kong, la réouverture des frontières – très attendue – s’est déroulée de manière tout à fait ordonnée, explique , Florence de Changy

Le poste-frontière de Lok Ma Chau est l’un des sept points de passages qui sont ouverts à partir d’aujourd’hui, et c’est par là que doivent passer environ 70% des voyageurs. Bien sûr, on reconnaît tout de suite les gens qui partent en Chine, car ils ont souvent de grosses valises à roulettes et qu’ils sont habillés plus chaudement que les gens de Hong Kong, surtout des gens seuls en fait ou des familles. 

Depuis ce matin, 60 000 personnes par jour ont le droit de passer dans les deux sens. C’est beaucoup plus que les 2 000 ou 3 000 passages journaliers autorisés jusqu’à hier, mais encore loin des 500 000 passages quotidiens qui étaient la règle avant le Covid-19. 

« Grande ouverture »

RFI a pu rencontrer des voyageurs s’apprêtant à repartir en Chine après des années de séparation d’avec leur famille. Pour Ji Zhao, 32 ans, c’était, jusqu’ici, beaucoup trop compliqué et trop risqué de voir ses parents, mais avec ce qu’elle appelle « la grande ouverture », elle n’a plus hésité : « Moi j’ai booké avec une copine, on s’est motivées toutes les deux, donc on va rentrer ensemble. Alors là, c’est moins difficile qu’avant parce qu’avec la grande ouverture, les quotas sont vachement nombreux donc j’ai pu réserver facilement pour passer la douane. »

Et un retour après trois ans, cela suppose de rapporter quelques cadeaux : « Dans la valise, [j’ai] envisagé d’avoir un peu de médicaments, vitamines, Omega 3. En général, ils trouvent qu’à Hong Kong, la qualité est un peu mieux, c’est pour ça que dans les pharmacies, les médicaments sont tous déjà vendus. On ne trouve plus grand-chose. » Malgré les déclarations rassurantes du gouvernement, même les supermarchés de Hong Kong ont été dévalisés de tous leurs stocks de paracétamol. C’est aussi pour cela que certains Hongkongais redoutent l’arrivée en grand nombre de Chinois à Hong Kong.

Du côté chinois, beaucoup de gens attendent les vacances du Nouvel An, dans deux semaines et, côté hongkongais, on attend surtout aussi que les mesures s’assouplissent davantage, qu’il n’y ait pas besoin de réserver en ligne comme maintenant et que la gare des trains rapides rouvre.

Aux États-Unis, la communauté chinoise déplore les tests PCR obligatoires

La décision américaine d’instaurer des tests PCR pour les voyageurs en provenance de Chine est déplorée par Frankie Huang, illustratrice sino-américaine vivant à New York. Dans une tribune publiée dans le New York Times, elle craint que cette mesure participe à stigmatiser la communauté asiatique, déjà prise pour cible depuis le début de la pandémie : « Les gens continuent de vivre dans la peur et sont encore fragiles émotionnellement. J’ai le sentiment que beaucoup d’Américains d’origine asiatique pensent que cette décision peut provoquer une nouvelle vague de violences. C’est terrible car le gouvernement a pris des mesures pour lutter contre les violences faites aux personnes d’origine asiatique durant la pandémie. Pourtant, il prend aussi ce genre de mesure qui va causer plus de violence. On a l’impression que notre sécurité n’est pas une priorité pour notre l’administration Biden ». 

L’Union européenne a encouragé la semaine dernière ses États membres à imposer un dépistage pour les voyageurs en avion en provenance de Chine. L’Allemagne a par ailleurs recommandé à ses ressortissants d’éviter des déplacements dans ce pays.

« Nous déconseillons actuellement les voyages non indispensables en Chine en raison du pic d’infections et du système de santé surchargé ». Le ministère allemand des Affaires étrangères a rappelé à la veille de la réouverture des frontières chinoises que ce pays était confronté à une vague de contamination de Covid-19 sans précédent depuis trois ans.

L’institut de veille sanitaire Robert-Koch a classé la Chine à partir de ce lundi parmi les pays où il existe une menace de nouveaux variants du Covid-19. Une décision qui coïncide également avec l’entrée en vigueur des mesures décidées en Europe. Les passagers en provenance de Chine devront produire à partir du lundi 9 janvier un test Covid-19 négatif avant leur départ en avion pour l’Allemagne. Des tests aléatoires pourront être réalisés à l’arrivée des passagers. Comme dans d’autres pays, les eaux usées des avions seront examinées pour détecter d’éventuels nouveaux variants du Covid-19. Ces règles sont valables pour trois mois.