Le président sortant du Brésil, Jair Bolsonaro, s’est exprimé mardi 1er novembre pour la première fois depuis l’annonce de sa défaite face à Lula au second tour de la présidentielle dimanche 30 octobre.
Les journalistes et les Brésiliens ont attendu pendant plus de deux heures devant un pupitre vide, dans le palais de l’Alvorada, un discours qui a finalement duré moins de deux minutes, rapporte notre correspondante au Brésil, Sarah Cozzolino. Comme à son habitude le ton était sec, robotique.
Sortant de son silence deux jours après sa défaite électorale contre le dirigeant de gauche Lula, il s’engagé à « respecter la Constitution en tant que président » du Brésil, mais sans reconnaître la victoire de son rival.
Entre les lignes, on peut comprendre que Jair Bolsonaro critique une fois de plus le processus électoral. Il a appelé ses soutiens à manifester, mais pas en bloquant les routes du pays, comme ces derniers jours. « Les manifestations pacifiques seront toujours les bienvenues. Mais nos méthodes ne peuvent pas être celles de la gauche qui ont toujours causé du tort au peuple comme les invasions de propriété, destruction du patrimoine et mise à mal du droit d’aller et venir », a fustigé le président sortant.
Pas un mot sur sa défaite, son successeur ni sur la transition. « J’ai toujours été taxé d’antidémocratique, mais contrairement à ce que pensent mes détracteurs, je suis toujours resté dans le cadre de la Constitution », a-t-il assuré. Dans la foulée, le président a laissé la parole à son chef de cabinet, Ciro Nogueira, qui dit avoir été autorisé par Jair Bolsonaro à déclencher la transition avec l’équipe de Lula.
Période de transition tendue
Après avoir perdu dimanche d’extrême justesse face à Lula (49,1%, contre 50,9%), le chef de l’État en exercice – jusqu’à la passation de pouvoir le 1er janvier – s’était isolé dans sa résidence officielle d’Alvorada à Brasilia. Il s’est rendu lundi matin au Palais du Planalto, le siège de la présidence, puis est revenu dans l’après-midi dans sa résidence, sans faire la moindre déclaration, a constaté un photographe de l’AFP.
Ce lourd silence, dont Lula avait dit être « inquiet » dès dimanche soir, rappelait à beaucoup de Brésiliens que Jair Bolsonaro avait maintes fois menacé de ne pas reconnaître le verdict des urnes s’il perdait. Anticipant déjà des difficultés, Lula avait souhaité dimanche que « le gouvernement (sortant) soit civilisé » et comprenne qu’ « il est nécessaire de faire une bonne passation de pouvoir ».
La période de transition a démarré de manière tendue lorsque des camionneurs et des manifestants pro-Bolsonaro ont bloqué des autoroutes dans au moins onze États du pays lundi, brûlant des pneus et stationnant des véhicules au milieu de la route pour interrompre le trafic. Vêtus du jaune et du vert du drapeau brésilien – que Jair Bolsonaro a fait sien – les manifestants brandissaient des pancartes pro-Bolsonaro et chantaient l’hymne national, avant d’être progressivement dispersés par les autorités dans certaines régions.
Condamnant ces barrages qui « empêchent la liberté de circulation », et réclamant que les manifestations en son soutien soient « pacifiques », le président brésilien Jair Bolsonaro a néanmoins estimé ce mardi qu’elles étaient « le fruit d’un sentiment d’indignation et d’injustice ».
(Avec AFP)