La Chambre lance une enquête pour « impeachment »

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La Chambre des représentants va ouvrir une enquête pour « impeachment » à l’encontre de Donald Trump, qu’elle accuse d’avoir abusé de son pouvoir pour solliciter l’aide de l’Ukraine afin de salir le nom de son rival Joe Biden.

Après avoir hésité pendant des mois, les démocrates, majoritaires à la chambre basse du Congrès depuis janvier, se sont finalement résolus à engager un bras de fer avec la Maison blanche qui devrait peser sur la campagne en vue de l’élection présidentielle de 2020.

La présidente de la Chambre, Nancy Pelosi, a annoncé le lancement de cette enquête pour « impeachment » (mise en accusation) à l’issue d’une réunion à huis clos avec les élus démocrates, estimant que le président Trump avait mis en danger la sécurité nationale des Etats-Unis et violé la Constitution.

« Le président doit rendre des comptes. Personne n’est au-dessus de la loi », a expliqué Nancy Pelosi. Donald Trump a répliqué rapidement sur Twitter en dénonçant « une chasse aux sorcières pourrie ». Le chef de file des républicains à la Chambre, Kevin McCarthy, a dénoncé mardi la décision unilatérale de Nancy Pelosi.

« (Nancy) Pelosi est présidente de cette Assemblée mais elle ne parle pas au nom de l’Amérique en ce qui concerne cette question (…) Elle ne peut pas décider unilatéralement que nous lançons une enquête pour ‘impeachment' », a-t-il déclaré aux journalistes.

Beaucoup d’élus démocrates préconisent depuis longtemps l’ouverture d’une procédure de destitution contre Trump en raison de l’ingérence russe dans son élection, ou de ses conflits d’intérêt, mais ces efforts avaient jusque-là été bloqués par l’aile modérée du Parti.

C’est finalement l’affaire ukrainienne qui a convaincu cette dernière de se rallier à l’option politiquement risquée de l' »impeachment ».

« S’il continue à bafouer la loi, Donald Trump ne donnera pas d’autre choix au Congrès que d’enclencher une procédure d’impeachment », a déclaré Joe Biden dans un bref communiqué avant l’annonce de Nancy Pelosi.




L’ENTRETIEN AVEC ZELENSKI VA ÊTRE RENDU PUBLIC

La Chambre va tenter de déterminer si Donald Trump a cherché à faire pression sur le président ukrainien Volodimir Zelenski, lors d’un entretien téléphonique le 25 juillet dernier, pour obtenir des informations susceptibles de nuire à Joe Biden, favori dans la course à l’investiture démocrate pour l’élection présidentielle de novembre 2020.

La plupart des candidats démocrates sont favorables à une enquête pour « impeachment », à l’instar des sénateurs Elizabeth Warren, Bernie Sanders, Kamala Harris ou encore Cory Booker.

Le président américain a annoncé mardi que la transcription « complète, totalement déclassifiée et non expurgée » de son entretien serait rendue publique mercredi, et qu’elle montrerait que cette conversation était « totalement appropriée ».

Donald Trump a également confirmé qu’il avait suspendu près de 400 millions de dollars d’aide à l’Ukraine tout en démentant avoir eu recours à cette aide comme moyen de chantage.

D’après la presse américaine, le président a demandé à huit reprises au cours de sa conversation avec Zelenski l’ouverture d’une enquête des autorités ukrainiennes sur Joe Biden et son fils Hunter, qui fait des affaires en Ukraine.

Il a par la suite annoncé au président ukrainien la suspension de l’aide, ses accusateurs voyant dans cette « contrepartie » une manière évidente sinon explicite d’exercer un chantage sur Kiev.

La procédure d' »impeachment » se déroule en plusieurs étapes. La Chambre des représentants enquête et, s’il y a lieu, rédige et vote à la majorité simple des motifs de mise en accusation (« impeachment ») contre le président. Si la Chambre vote l’impeachment, le Sénat organise un procès.

La décision de culpabilité est prononcée par les sénateurs à la majorité des deux tiers, ce qui, au vu de la configuration actuelle du Sénat à majorité républicaine, est une hypothèse improbable.

L’entretien téléphonique entre Trump et Zelenski a été révélé par un lanceur d’alerte appartenant à la communauté américaine du renseignement. Six commissions du Congrès enquêtent actuellement sur cette affaire et continueront de le faire, a précisé Nancy Pelosi.

Avec Reuters