Le 8 avril 2025, à Abu Dhabi, M. Denis Sassou-N’Guesso a été reçu par le Prince Cheikh Mohamed Bin Zayed Al Nahyan, dans le cadre d’une visite d’État marquée par la signature d’un accord global de partenariat économique (Comprehensive Economic Partnership Agreement – CEPA) entre la République du Congo et les Émirats arabes unis. Cette démarche s’inscrit dans une dynamique plus large de diversification des partenaires stratégiques du Congo. Au regard du contexte structurel actuel du Congo, cet accord et le bruit qui entoure le déplacement de Ndenguet et la mutation d’Obara méritent une lecture croisée sous les angles économique, culturel et politique.
Depuis la chute des prix du pétrole de 2014-2016 et l’accumulation d’arriérés sur sa dette publique extérieure, la République du Congo peine à retrouver une trajectoire de croissance inclusive. Bien que les dernières prévisions du FMI (2024) indiquent une légère reprise grâce à la hausse des cours du brut et à une discipline budgétaire, la dépendance pétrolière reste écrasante (près de 80 % des exportations). Le tissu productif non pétrolier reste embryonnaire, malgré l’adoption de plans successifs de diversification économique. Dans ce contexte, l’accord avec les Émirats arabes unis (EAU) pourrait représenter une opportunité de redynamisation ciblée dans des secteurs structurants : logistique, agriculture, infrastructures, énergie renouvelable, services financiers islamiques.
Si l’on est dans une lecture orthodoxe, le Congo serait en quête de rééquilibrage macroéconomique, mais dans une approche hétérodoxe, on sait que les EAU sont le relais politique et économique des mondialistes. Dans ce cadre, le CEPA apparaît comme une vraie fausse opportunité stratégique : il prévoit la suppression progressive des droits de douane sur 98% des lignes tarifaires congolaises, ainsi que l’accès facilité aux marchés des services et des biens pour les deux pays. L’objectif affiché est ambitieux : faire passer les échanges bilatéraux hors hydrocarbures de 3,1 milliards USD en 2024 à 7,2 milliards USD en 2032.
M. Sassou est en réalité en quête d’un partenaire sûr (les USA bien évidemment) pour s’assurer la clémence des dieux ! Mais le dossier semble bien mal engagé. Un partenariat fondé sur une fausse complémentarité stratégique ? Les E.A.U cherchent depuis plusieurs années à renforcer leur présence en Afrique centrale, dans une logique de projection économique, géopolitique et géoculturelle dans laquelle l’Islam joue un rôle prépondérant. L’accélération des investissements religieux au Congo, chrétien à plus de 90% depuis le 15ème siècle, démontre la capacité de sujétion des Émiratis et la faiblesse de l’appareil de sécurité (CNS, CID, DGSP et RG) qui subit et ploie sous les coups de millions de dollars. Le dernier Eid Mubarak 2025 à Brazzaville a vu un déferlement de Congolaises soumises et assujetties, voilées de noir, dominées, avec une multitude d’enfants, tous nés Congolais (droit du sol), qui vont faire basculer l’horizon démographique du Congo dans une marche forcée vers un nouvel esclavage musulman d’ici 2035.
Ce choc visible démontre la dévolution de l’économie aux mains des Africains de l’ouest depuis 1997, dans une tentative risquée d’enlever le contrôle de la petite économie aux « sudistes ». Ce raisonnement de très courte vue a vu apparaître des nouveaux maîtres arabo-musulmans : Leila Mall, Crystal ; Ali Algazy Houssen (SCI Moka) ; Talal Rihan (Olympic Palace Hôtel) ; Hassan Youssef (Atlantic Palace), Prince Abdullah Mohamed Abdullah (Kempinski Hôtel) ; Mohamed Zied Ayed (Radisson Blu Hôtel) ; etc. Le modèle d’investissement Emirati repose sur :
i) des projets clés en main avec financement structuré (via Mubadala, DP World, Masdar, etc.) ; ii) la sécurisation d’approvisionnements en matières premières (bois, minerais, hydrocarbures) ;
iii) la création de hubs logistiques et commerciaux en partenariat public-privé.
Pour le Congo, il s’agit là d’un pivot diplomatique et économique assumé, visant à diversifier les sources d’investissements étrangers directs (IDE) au-delà du périmètre traditionnel France/Chine. Cet accord global devra être analysé à l’aune de plusieurs facteurs pour ce qu’il promet, mais aussi pour les défis de soutenabilité qu’il soulève. On note :
i) La qualité des projets contractualisés.
L’expérience d’autres pays montre que les partenariats avec les EAU peuvent se traduire par de véritables « enclaves d’excellence » (ports, zones économiques spéciales), mais aussi par une faible diffusion dans le tissu productif local si la gouvernance n’est pas maîtrisée, ce qui est déjà le cas au Congo ;
ii) L’articulation avec la dette publique : toute forme de financement adossé à des garanties souveraines devra être rigoureusement évaluée, alors que le Congo affiche encore un ratio dette/PIB supérieur à 80 %, malgré les allègements passés.
Le pays et les terres se bradent pour les prochaines années ;
iii) L’impact sur les équilibres de pouvoir internes : en misant sur des acteurs extérieurs, l’exécutif renforce une diplomatie d’influence mais pourrait court-circuiter des mécanismes de redevabilité interne (Parlement, Cour des comptes, société civile). L’intrusion des « étrangers » au cœur des Loges en qualité de « grand officier » le démontre à suffisance. L’inverse est impossible pour un Congolais, haut grade reconnu et accepté, ailleurs aux Émirats ou même à Dakar ou au Maroc.
Vers une diplomatie économique proactive ou une dépendance de substitution ?
L’accord avec les EAU s’inscrit dans une tentative de repositionnement de la diplomatie congolaise qui privilégie des partenaires pragmatiques, peu regardants sur la gouvernance politique, mais puissants financièrement. Cela pose une double question :
i) le Congo saura-t-il transformer ce partenariat en levier de transformation structurelle, notamment en matière de valeur ajoutée locale et de renforcement des chaînes de valeur régionales ?
ii) Ou bien s’agit-il d’un nouveau cycle de dépendance, avec des actifs stratégiques cédés sous forme de concessions à long terme, au détriment de la souveraineté économique ?
Santé et culture
En prélude de la publication de notre enquête choc sur les Églises et la franc maçonnerie dans l’espace francophone, il sied de dire, la nomination récente du Sérénissime Grand Maître du GOLAC, le Général Philippe Obara, en République Arabe d’Égypte comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire, en dépit du « pseudo-succès » de deux (2) tenues des Rencontres Humanistes et Fraternelles d’Afrique et de Madagascar (REHFRAM) à Oyo (pour plus de 10 milliards de fcfa au total !) démontre la vacuité à la fois des loges congolaises toujours dominées culturellement et de l’appareil de sécurité dont le Général n’était pas des moindres. Appartenant au Rite Ecossais Ancien et Accepté, réputé proche des anglo-saxons, que va-t-il bien pouvoir faire comme travail dans un pays où la langue arabe est obligatoire et la Franc-maçonnerie interdite depuis 1964 par un décret du président Gamal Abdel Nasser, et cette interdiction demeure en vigueur aujourd’hui ? C’est donc la dépendance de substitution qui aura lieu.
Les Émiratis remplaceront la France, avec la liberté, l’égalité et la Fraternité en moins, quoiqu’on en dise ou pense. C’est un destin de feuille morte que se réserve M. Sassou : emporté par le vent, de-ci de-là, sans jamais pouvoir s’y opposer. Cette nomination est une mutation sanction pour s’être trop enrichie ou protéger ces frères du Golac ou encore pour ne pas avoir alerté le coup d’État manqué en sa qualité d’ex D.G de le la CID ? Christian Yoka bien qu’au chevet de son père Aimé Emmanuel évacué au Maroc depuis trois semaines va devoir batailler sur tous les fronts. Il doit s’armer d’une épée et d’une dague.
L’accord global entre le Congo et les E.A.U constitue indéniablement un recul diplomatique majeur, et potentiellement un tournant économique d’assujettissement, car les projets ne s’inscriront ni dans une logique de développement durable ni dans l’inclusivité. Pour cela, la transparence des engagements, la sélection rigoureuse des projets et la mise en place d’un cadre de gouvernance performant seront indispensables. Faute de quoi, le partenariat pourrait s’ajouter à la longue liste des espoirs déçus d’un pays riche en ressources, mais encore pauvre en prospérité partagée. Même Jean François Ndenguet qui vient de décoller pour le Maroc ce matin et non remplacer Rodolphe Adada, ne disconviendra pas à nos propos.
Pax Vobis !
Ghys Fortuné BEMBA DOMBE