La Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), deux institutions de Bretton Woods, affichent des points de vue divergents quant à la gestion des subventions destinées aux carburants.
Il est fréquent que le grand public peine à distinguer entre la Banque mondiale et le FMI. Bien qu’elles soient toutes deux des institutions financières internationales, leurs missions et objectifs diffèrent considérablement. La Banque mondiale se concentre principalement sur le développement économique et la réduction de la pauvreté. Elle octroie des prêts et des subventions aux pays en développement pour financer des projets visant à améliorer les infrastructures, l’éducation, la santé et d’autres domaines cruciaux pour le développement durable. Son objectif est d’accompagner ces pays dans leur cheminement vers un progrès soutenu.
En revanche, le FMI a pour mission de stabiliser le système monétaire international. Cette institution surveille les économies des pays membres, offre des conseils économiques et fournit une assistance financière en cas de crise économique ou de déséquilibre dans les paiements. Le FMI aide également les pays à mettre en place des politiques économiques saines afin de prévenir d’éventuelles crises futures.
En somme, la Banque mondiale se focalise sur le développement à long terme, tandis que le FMI privilégie la stabilité économique à court terme.
Les approches des deux institutions sont souvent très différentes, comme l’illustrent les débats animés entre Joseph Stiglitz, ancien économiste en chef de la Banque mondiale, et Kenneth Rogoff, son homologue au FMI, au début des années 2000.
Dans son dernier rapport sur la lutte contre la pauvreté, la Banque mondiale souligne son inquiétude face au niveau alarmant de précarité et à l’inefficacité des politiques publiques en place. Elle plaide pour l’instauration de programmes sociaux ainsi que pour des mesures audacieuses destinées à alléger les charges pesant sur les ménages les plus vulnérables. Selon cette institution de Bretton Woods, bien que la suppression des subventions aux carburants soit considérée comme nécessaire, cette mesure — mise en œuvre par le gouvernement congolais depuis l’année dernière — compromet les économies escomptées et menace la viabilité des réformes entreprises.
Cette approche réaliste contraste avec les politiques rigoristes et antisociales du FMI, qui recommande — c’est un euphémisme — la suppression pure et simple des subventions aux carburants afin d’aligner le prix à la pompe sur celui du marché international.
Selon nos sources, l’émergence d’une pénurie de carburants est liée au fait que de nombreux marketeurs sont exposés aux fluctuations du marché (telles que la hausse du dollar souvent accompagnée d’une augmentation des prix) et n’ont pas honoré les importations qui leur étaient attribuées. Des paiements significatifs en dollars doivent être effectués rapidement pour garantir toute livraison. Il convient également de noter que le FMI recommande aux autorités congolaises d’augmenter le prix du litre d’essence à la pompe de plus de 1000 FCFA. Une mesure qui pourrait s’avérer suicidaire !
A. Ndongo, journaliste économique et financier