Professeur de français, Dominique Bernard, 57 ans, a été poignardé à mort, vendredi 13 octobre, dans un établissement scolaire d’Arras, dans le nord de la France, et deux autres personnes grièvement blessées. L’assaillant, Mohammed M, est un ancien élève fiché pour radicalisme et qui faisait l’objet d’un suivi récent de la DGSI. Le ministre de l’Éducation, Gabriel Attal, s’est rendu sur place ce samedi.
« Le 13 octobre 2023 est l’une de ces dates qui sera à jamais gravée dans notre mémoire collective » La stupeur après le drame survenu vendredi 13 octobre dans un lycée d’Arras, dans le Pas-de-Calais, après l’attaque survenue à trois jours de la commémoration de l’assassinat de Samuel Paty. Au lendemain de l’attaque au couteau qui a coûté la vie à un enseignant et dans laquelle deux autres personnes ont été grièvement blessées, le ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal a réuni les recteurs d’académies et des parlementaires.
Vendredi, il avait reçu les représentants des principaux syndicats d’enseignants. L’occasion pour eux d’exprimer au ministre leur détresse, leur effroi, mais aussi de demander des mesures pour pouvoir, lundi 16 octobre prochain, reprendre les cours dans des conditions adéquates. La mine grave, Gabriel Attal s’est empressé de livrer son message aux enseignants : « À tous ces personnels de l’éducation nationale, ces enseignants, ces agents administratifs, ces personnels de direction, qui aujourd’hui se sont dit : “Ça aurait pu être moi“… Ce 13 octobre 2023 est donc un jour de deuil pour nous tous, les Français. »
« Il y a besoin du soutien de tout le monde »
Mise en place d’un dispositif d’écoute pour les personnels de l’éducation nationale, déploiement dans les établissements d’un millier de personnels d’équipes mobiles de sécurité, promesse d’un moment d’union et de recueillement national…
Si les syndicats sont satisfaits de ces mesures, ils souhaitaient obtenir confirmation pour une autre de leur demande : la garantie pour les professeurs d’avoir, lundi matin, un moment où ils pourront se retrouver, entre eux, avant d’accueillir les élèves. « Il n’y aurait rien de pire que d’arriver à 8h30 et d’être seul face aux questions des élèves, estime Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Syndicat national des enseignements de second degré (SNES-FSU). Donc c’est pour ça que pour bien reprendre, il faut entendre cette demande de temps collectif de travail lundi matin. Et si le ministre ne l’entendait pas, il y aurait très certainement beaucoup, beaucoup de colère et d’amertume de la part de la profession. » Une confirmation qu’ils n’ont pas obtenue à l’issue de cette réunion.
Le proviseur de la cité scolaire Gambetta, où s’est déroulé le drame, a décidé de rouvrir l’établissement samedi pour les élèves et les enseignants qui le souhaitent. D’autres établissements seront ouverts à travers la France ce samedi.
L’émotion est aussi vive dans le corps enseignant que chez les associations de parents d’élèves. « On est très choqués. Comme parents d’élèves, on est très choqués, a réagi Cécile Prouvost, vice-présidente de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) du Pas-de-Calais. C’est un drame pour l’école, pour les enfants, pour tout le monde. On est sans voix et vraiment interloqués. L’urgence, là maintenant, c’est le suivi psychologique, parce que ça va être difficile. Ça va être difficile parce qu’il faut pouvoir sortir de cette peur, de cette horreur. Il y a besoin du soutien de tout le monde pour redonner confiance. Pour les professeurs, pour les élèves, pour les personnels et pour les parents aussi, qu’ils puissent aussi envoyer leurs enfants en confiance. Les élèves sont choqués et ils sont choqués aussi parce qu’il y a beaucoup de vidéos qui tournent sur les réseaux sociaux… Il faut aussi, soit les préserver de ça, soit leur permettre d’exprimer leur peur. »
La France s’est réveillée samedi 14 octobre en état d’alerte attentat. L’auteur présumé de l’attaque est un jeune homme fiché pour radicalisation. Jusqu’à 7 000 soldats de la force Sentinelle (lutte antiterroriste) vont être déployés sur le territoire « d’ici à lundi soir et jusqu’à nouvel ordre », a annoncé samedi l’Élysée.
Dans cette affaire, dix personnes ont été désormais placées en garde à vue, dont plusieurs membres de la famille de l’assaillant : sa soeur, sa mère, son oncle et deux de ses frères, dont l’un a été extrait de la cellule où il est détenu pour « association de malfaiteurs terroristes ». Par ailleurs, deux Biélorusses « avec qui l’assaillant était lors de son contrôle par la police la veille des faits » font aussi partie des gardés à vue, indiquent des sources policières.
(Et avec AFP)