La Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) a présenté, le 29 décembre à Brazzaville, un projet de réinsertion sociale des jeunes délinquants dits « Bébés noirs » qu’elle a mis en place pour les démobiliser et les réinsérer socialement afin qu’ils se prennent en charge au profit d’une paix durable dans les quartiers.
Le projet conçu s’appelle « Droits de l’homme, paix, sécurité dans les quartiers : lutte contre le phénomène des bébés noirs et kulunas ». Il a été inspiré pour répondre à l’appel lancé par le chef de l’Etat, Denis Sassou N’Guesso, dans son récent discours sur l’Etat de nation, dans lequel il évoquait l’urgence de contenir au plus vite le bandiitisme juvenile qui ne cesse de semer l’émoi dans la ville capitale.
Ce projet est conçu suivant une approche de « solutions solidaires durables » ayant pour base l’éducation aux droits de l’homme, à la citoyenneté, à la mobilisation et la participation communautaire. Il s’exécutera en deux phases, dont la première, de trois mois, consistera à mobiliser la population et ces jeunes délinquants. La seconde, quant à elle, sera exécutée sur dix-huit mois et portera essentiellement sur la mise en œuvre effective des différents modules de réinsertion retenus, au profit de ces derniers.
Le projet vise un triple objets, à savoir la promotion et la protection des droits des auteurs et des victimes ; la lutte contre le phénomène des bébés noirs et kulunas ainsi que la réinsertion sociale, scolaire, citoyenne et économique de ces délinquants.
L’enjeux majeur attendu de l’initiative est de restaurer la paix et la sécurité dans les quartiers et de promouvoir une jeunesse digne et responsable, capable de contribuer au développement socioéconomique du Congo.
La rencontre ayant regroupé des responsables administratifs venus de la présidence de la République, de la Primature, de différents ministères et des représentants des confessions religieuses a permis aux participants d’examiner, d’amender et d’adopter le projet. A terme, il sera soumis au gouvernement pour approuver sa mise en œuvre.
Un échantillon de dix ex-bébés noirs démobilisés a pris part à cette concertation présidée par la trésorière de la Commission nationale des droits de l’homme, Yvette Yolande Ambendet. Dans leurs témoignages, ces ex-bébés noirs démobilisés par un pasteur d’une église de réveil à Talangaï ont tous reconnu le mal qu’ils ont causé à autrui et avoué renoncer à cette sale besogne « à l’issue périlleuse ».
« Nous sommes conscients d’avoir tué, volé, braqué et fait beaucoup du mal à autrui. Aujourd’hui, par le truchement du pasteur Bertrand, nous nous sommes convertis et avons abandonné ce chemin plein d’embuches et sans issue. Hier, nous le faisions parce que nous n’avions pas de travail pour nous prendre en charge. Ayant tourné le dos à cette pratique, nous demandons à l’Etat de nous venir en aide en nous donnant du boulot », a souligné Samuel, ancien chef de gang dit « Vampire », à Talangaï, le sixième arrondissement de Brazzaville.
L’un d’eux a avoué que de Talangaï jusqu’à Texaco, en passant par le quartier Intendance, les bébés noirs se comptent par centaines, répartis entre deux grands groupes dénommés Arabes et Américains, bien connus dans la ville, en perpétuel conflit.