Le président russe Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan se sont mis d’accord vendredi pour renforcer la coopération énergétique et économique entre leurs deux pays. Les dirigeants ont longuement échangé à Sotchi, en Russie, sur les rives de la mer Noire. Le programme avait annoncé 45 minutes d’échanges. Ils ont finalement duré un peu plus de quatre heures.
Comme Vladimir Poutine l’avait souhaité avant la rencontre, le communiqué conjoint insiste sur un renforcement de la coopération russo-turque, notamment dans les transports, le commerce, l’agriculture, l’industrie, le tourisme et la construction. Des accords ont été trouvés dans presque tous les secteurs, annonce la Russie. Au début de la rencontre, Vladimir Poutine avait déjà souligné l’envol des relations économiques entre Moscou et Ankara. Un chiffre d’affaire commercial qui a augmenté de 57% en 2021 et a doublé entre janvier et mai cette année.
Le texte conjoint ne mentionne pas un futur paiement en roubles du gaz russe qu’importe la Turquie – 45% de ses importations de gaz l’an dernier –, et la Turquie n’a pas encore commenté cette annonce. Mais le paiement des importations en monnaie locale est une idée promue depuis longtemps par Recep Tayyip Erdoğan, a fortiori dans un contexte de chute de la livre turque par rapport au dollar.
La Turquie, qui refuse de se joindre aux sanctions occidentales, tente par ailleurs de s’imposer comme un pays de transit pour les produits européens en route vers la Russie. Ces derniers temps, la presse turque décrit même le pays comme « l’entrepôt de la Russie ».
Ces derniers mois, les deux hommes ont multiplié les échanges sur fond de guerre en Ukraine, dans laquelle le chef de l’État turc s’est imposé comme un médiateur entre Moscou et Kiev. Recep Tayyip Erdogan appelle à « ne pas renoncer à la Russie » et à « maintenir constamment ouverts les canaux du dialogue ». Satisfait de la mise en œuvre réussie de l’accord sur les céréales négocié par la Turquie et l’ONU entre la Russie et l’Ukraine, le président turc a appliqué ces préceptes en rencontrant Vladimir Poutine une deuxième fois en moins de trois semaines.
Un premier navire de maïs ukrainien est passé sans encombre par Istanbul mercredi après avoir traversé la mer Noire, rappelle notre correspondante à Istanbul Anne Andlauer. Le président Erdogan espère que ce premier succès diplomatique permettra d’autres avancées sous médiation turque entre les deux belligérants.
Des efforts salués par le président russe : « Grâce à votre participation directe et à la médiation du secrétariat de l’ONU, le problème lié aux livraisons des céréales ukrainiennes en provenance des ports de la mer Noire a été réglé. Les livraisons ont déjà commencé, et je voudrais vous en remercier », indique-t-il.
C’est toutefois sur un autre point que les médias choisissent d’insister après la rencontre Erdoğan-Poutine : le passage du communiqué conjoint qui évoque une « coordination dans la lutte contre toutes les organisations terroristes en Syrie ». Le président turc attend le feu vert de la Russie pour lancer une nouvelle offensive contre les forces kurdes en Syrie.