Habitué à tricher, le gouvernement refuse la biométrie pour les élections

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Faisant partie des trois recommandations du dialogue politique de Sibiti de 2015, restées jusque-là lettre morte, la mise en œuvre de la biométrie dans le système électoral congolais n’est pas envisagée pour les scrutins législatifs et locaux de 2022.

Le ministre de l’Administration du territoire, de la Décentralisation et du Développement local, Guy Georges Mbacka, a levé l’équivoque, le 12 novembre dernier, lors de la séance des questions orales avec débat au gouvernement.

En effet, des députés avaient interpellé le gouvernement sur la non-application de trois recommandations du dialogue de Sibiti, notamment le découpage électoral et administratif global, l’introduction de la biométrie et le plafonnement des dépenses électorales.

« Qu’il s’agisse de l’introduction de la biométrie dans notre système électoral ou du plafonnement des dépenses électorales, il n’est pas évident que l’opérationnalisation des recommandations soit effective pour le double scrutin 2022. La biométrie est essentielle pour le découpage électoral, mais sa faisabilité se heurte à plusieurs contraintes parmi lesquelles la nécessité de procéder à un recensement général de la population et de disposer d’un système d’état civil fiable répondant aux standards internationaux », a répondu le ministre en charge de l’Administration du territoire.

Concernant le découpage électoral administratif, Guy Georges Mbacka a indiqué que le gouvernement est conscient du fait que toute organisation administrative du territoire donne lieu à un nouveau découpage électoral. « En dehors de son caractère hautement politique, le problème que vous posez est réel. Le découpage électoral suppose la réduction ou l’augmentation des circonscriptions électorales. Le premier cas de figure sous-entend la réduction, mais elle peut ou ne pas garantir la représentativité de tous les citoyens de la chambre parlementaire. Concernant l’augmentation de ces circonscriptions électorales, ce second cas de figure est incompatible avec le contexte socio-économique actuel de notre pays », a-t-il déclaré.  

Selon lui, conscient de cet état de choses, les participants à la concertation politique de Ouesso de 2017 avaient décidé de lier cette opération à la finalisation du projet relatif à la modernisation du système d’état civil, car il serait illusoire de bâtir le fichier électoral sur des données d’état civil non fiables. « Quant au plafonnement des dépenses électorales, le gouvernement avait mis en place une commission technique chargée d’élaborer un avant-projet de loi y afférent. Ce texte est disponible et sera transmis au gouvernement au moment opportun », a-t-il annoncé.

Notons que la mise en œuvre de la biométrie est l’une des exigences des partis politiques de l’opposition congolaise estimant qu’elle permettra de corriger les faiblesses du système électoral national.

Le potentiel de la biométrie pour prévenir la fraude, améliorer la sécurité des données et fournir une identification aux citoyens est évident. Cependant, il existe plusieurs obstacles à une adoption plus large des technologies biométriques sur le continent.