Youlou Mabiala en séjour à Brazzaville

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1975

L’artiste musicien Youlou Mabiala, alias le Prince YM, séjourne actuellement dans la capitale congolaise après dix-neuf années d’affilée en France pour des raisons sanitaires. Sur instruction de son médecin traitant, l’artiste devrait repartir dans deux semaines. Avant son retour, Les Dépêches de Brazzaville ont rencontré cette icône de la musique congolaise et africaine.

Attendu initialement le 10 juin, c’est finalement le 25 juin que le prince YM, Youlou Mabiala, a foulé de nouveau le sol brazzavillois par le vol régulier d’Air France. Pour rappel, Youlou Mabiala s’était effondré sur scène des suites d’un accident vasculaire cérébral lors de la soirée de banquet marquant les 44 ans de l’indépendance du Congo, célébrés le 15 août 2004 à Pointe-Noire. Après quelques jours passés à l’Hôpital général de Loandjili, quatrième arrondissement de Pointe-Noire, et au Centre hospitalier universitaire de Brazzaville, il s’était rendu en France pour des soins plus appropriés et s’ est installé, depuis 19 ans, dans la banlieue parisienne.

Les Dépêches de Brazzaville ont rencontré, le 2 juillet, un Youlou Mabiala souriant pour ne pas dire très souriant bien qu’il accuse encore quelques soucis de locution. Cependant, il se refait progressivement. Sa joie, a témoigné son frère cadet, Jean-Baptiste Nganga, c’est de voir son fils Audy Youlou prendre sa relève. Pour traduire cela en acte, il va profiter de son séjour à Brazzaville pour introniser officiellement son fils comme artiste-musicien continuateur de son œuvre immense. La cérémonie aura lieu au bar « La Détente », à Bacongo, le deuxième arrondissement de Brazzaville, dans deux semaines.

Le regret de Youlou Mabiala c’est de ne pas pouvoir, pendant son séjour à Brazzaville, traverser le Pool-Malebo où se trouve sa deuxième famille. Son séjour est écourté sur demande de son médecin traitant. Il aurait bien voulu, mais hélas ! Par ailleurs, la famille de Youlou Mabiala sollicite de l’État congolais un regard et un appui conséquents. L’appel est vivement lancé au président de la République, au gouvernement, aux mécènes, aux mélomanes et aux gens de bonne volonté.

Une carrière riche et immense

Le prince YM  est un auteur compositeur de la rumba. Né le 6 mars 1947 à Brazzaville, Youlou Mabiala a débuté sa carrière dans les groupes vocaux « Les mains blanches » puis « Les griots ». D’après les informations glanées ça et là, c’est en 1963 que Youlou Mabiala traverse le fleuve Congo et se fait recruter dans le prestigieux groupe « TP Ok Jazz » par Luambo Makiadi Franco, au même moment que son compatriote Celi Bitsou. A partir de 1966, il enregistre plusieurs chansons à l’instar de  « Obimi mbwe »« Babo tolingai yo »« Mpungu ya bolingo »« Nakoluka yo ba nzela nioso »« Dodo tuna motema »« Nakopesa yo motema »« Billy ya ba fiancées » … En 1972, il fait partie des musiciens qui quittent « l’OK Jazz » pour constituer l’orchestre « Lovy du Zaïre », sous la direction de Vicky Longomba. L’aventure fait long feu et il monte en 1974 avec Jean Kwamy Munsi, Diatho Lukoki, Djuke, Master mwana Congo et Nona Simon l’orchestre « Somo-Somo ».

En 1976, il revient au bercail, c’est-à-dire à « l’OK Jazz » et compose son plus grand succès, à savoir « Kamikaze ». Ses autres tubes sont particulièrement remarquables, à l’instar de « Bisalela »« Radio-trottoir »« Fariya », … En mai 1977, Youlou Mabiala et Michel Boyimbanda quittent « OK Jazz ». Avec Loko Massengo Djeskain, ils montent à Brazzaville l’orchestre « Les Trois frères ». La chanson « Koumbe-koumbe » de Youlou constitue l’acte fondateur du nouvel ensemble. Le succès est tout de suite au rendez-vous. En quelques mois, « Les Trois frères » s’imposent comme le groupe musical n° 1 du Congo. L’année 1978 est l’occasion pour Youlou de larguer un nouveau morceau, « Saley ».

Des « Trois frères » à « Kamikaze Loninguissa »

En dépit de la réussite artistique, les divergences apparaissent rapidement dans l’orchestre « Les Trois frères ». En 1980, il abandonne ses compagnons et crée son propre groupe « Kamikaze Loninguissa ». Au cours de cette période, il s’initie à la guitare et élargit sa palette. L’année 1980 ouvre la période la plus féconde de sa carrière. Les chansons se succèdent. C’est le cas de « Nsona »« Lili », « Mbata »« Mwana bitendi »« Etabe mofudé »« Maka »« Judoka »« Mamou »« Carte postale »« Le corps refuse »« 1X2= mabe »« Loufoulakari »« Mon avocat a voyagé », … A la fin de cette décennie 1980, il baisse un peu de rythme de production phonique. Au début des années 1990, il lance l’album « Dona Beija » qui bénéficie de la collaboration d’un vieux compagnon des années « OK Jazz », Josky Kiambukuta.

Sa carrière connaît un nouveau départ après l’éclatement en 1994 de « l’OK Jazz ». Sollicité par la famille de Luambo Makiadi Franco, il relance le groupe mythique en le fusionnant avec son propre groupe « Kamikaze Loninguissa ». Parmi les albums enregistrés durant cette période figurent « Oleli- oleli » en 1996. Cet album relance « l’OK Jazz » nouvelle formule. Malheureusement, l’aventure s’est estompée à mi-parcours suite à l’accident qu’a connu le leader du groupe, Youlou Mabiala. Pour son fils Audy Youlou, les chansons « Loufoulakari » et « Point final » resteront à jamais des merveilles intarissables.