La chancelière allemande a apporté mardi 13 novembre son soutien au président français, prônant à son tour la création d’ « véritable une armée européenne », à laquelle Donald Trump est fermement opposé.
Dans un discours au Parlement européen à Strasbourg sur sa vision de l’Europe, Angela Merkel a appelé à « élaborer une vision nous permettant d’arriver un jour à une véritable armée européenne ». Cette prise de position survient dans un contexte de vives tensions entre Paris et Washington sur cette question.
Deux jours après avoir célébré le centenaire de l’armistice de 1918 à Paris aux côtés du chef de l’Etat français, la chancelière a rappelé aux eurodéputés les propos du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, il y a quatre ans : « Une armée commune européenne montrerait au monde qu’entre les pays européens, il n’y aura plus jamais de guerre. »
La chancelière allemande n’a cependant pas précisé quand cette armée européenne pourrait être créée et n’a pas donné de détails sur cette force militaire. La défense constitue un véritable serpent de mer de la construction européenne depuis ses débuts. En 1954, l’Assemblée nationale française avait rejeté un traité instituant une « communauté européenne de défense ».
La dirigeante allemande a aussi rappelé avoir proposé « la constitution d’un « conseil de sécurité européen » avec une présidence tournante au sein duquel des décisions importantes pourront être plus rapidement prises. » Elle prône l’idée d’abandonner dans ce cadre « le principe d’unanimité » quand c’est possible, afin de pouvoir prendre les décisions plus rapidement.
Tentant de prévenir les critiques, la dirigeante allemande a lancé : « Ce n’est pas une armée contre l’Otan, je vous en prie. » « Cela peut être un bon complément de l’Otan, personne ne veut remettre en question les relations classiques », a-t-elle martelé, sous des applaudissements et des huées.
Un soutien pour le moins bienvenu pour Emmanuel Macron après la controverse sur le sujet avec Donald Trump. Le président américain avait jugé « très insultants » les propos du président français, qui avait proposé la création d’une « véritable armée européenne » pour protéger le Vieux Continent et évoqué la nécessité de se « protéger de la Chine, de la Russie et même des Etats-Unis d’Amérique ».
Ce mardi encore, Donald Trump s’est exprimé de manière fort peu diplomatique à l’adresse de son homologue français sur Twitter. Mais si Angela Merkel a fait un pas vers Emmanuel Macron sur l’armée européenne, elle a en revanche freiné sur sa proposition d’une taxe européenne visant les géants du numérique et n’a rien dit de vraiment concret sur la réforme de la zone euro, projet cher à Paris.